Évolution du soin nutritionnel en oncologie-hématologie analyse des pratiques professionnelles, en matière de nutrition, dans un service de cancérologie-hématologie. Étude rétrospective de 2016-2018, à l’hôpital Sainte Musse, à Toulon dans le Var

Abstract

Ce travail fait suite à une action menée par le comité de liaison en alimentation et nutrition (CLAN) et le laboratoire d'analyse de bactériologie de notre établissement. En effet suite à une augmentation des infections de dispositifs veineux implantables, il a été décidé de s'intéresser aux pratiques de prescription en matière de nutrition et ses consé-quences. Nous avons voulu poursuivre l'évaluation des pratiques et étudier l'état nutritionnel de nos patients, surtout depuis l’arrivé au sein de l’équipe de deux généralistes et d'une diété-ticienne à mi-temps dans le service. Matériel et Méthodes : Il s’agit d’une étude rétrospective monocentrique, réalisée sur quatre périodes d’une semaine, à six mois d’intervalle, entre Décembre 2016 et juin 2018, dans le service d’Onco-Hématologie de l’Hôpital Sainte Musse dans le Var. Ont été inclus tous les patients (âge>18ans) hospitalisés dans le secteur d’hospitalisation complète depuis plus de 24H. Les patients présentant un néoplasie pulmonaire pris en charge en Pneumologie n’ont pas été inclus. Résultats et analyse : L’effectif total se compose de 131 patients. L’évaluation de l’état nu-tritionnel n’a pu être menée que pour 96 d’entre eux, soit 73%. Cette évaluation a été possible grâce à une augmentation significative du nombre et de la fréquence des consultations diété-tiques, ainsi qu'à l’augmentation du dosage de l’albuminémie, qui quelle que soit la période est toujours restée inférieure à 30g/l en moyenne. La dénutrition touche 76 (79%) des 96 patients évaluables dont 43 en dénutrition sévère et 33 en dénutrition modérée. Parmi les patients onco-gériatriques 93%, sont touchés par la dénutrition. Les patients cachectiques, comme les sujets obèses sont touchés dans des proportions égales à hauteur de 70%. En ce qui concerne les pratiques professionnelles, la prescription de nutrition parentérale a diminué de manière significative au cours des périodes étudiées, passant de 46% à 17 % (p= 0,02) et faisant di! minuer de manière significative les infections de dispositifs veineux implantables (p= 0,01) passant de 37% [IC95% : 21 – 53] à 11% [IC95% : 1-21]. Sous un aspect financier, cette amélioration a permis de réaliser un minimum de 20 000€ d’économie de soins, ne serait-ce que sur les poches d'alimentation. Conclusion : Les pratiques professionnelles se sont clairement modifiées, entrainant une di-minution de l’utilisation de la nutrition parentérale et par là-même, des infections de disposi-tifs veineux implantables. L’état nutritionnel des patients hospitalisés reste préoccupant (79% d’entre eux sont dénutris) et nécessite une amélioration de la coordination médecin-diététicien, voire la création d'un poste de diététicien à temps complet ainsi qu’une formation médicale et paramédicale accrue. Car si la nutrition parentérale à diminué, et que la prescrip-tion de compléments alimentaires oraux a augmenté, la nutrition entérale, elle, est restée stable. En plus de formations médicales et paramédicales, nous allons poursuivre ce travail d’analyse grâce à l’instauration d'une évaluation trimestrielle.