Moines aux extrémités de la terre : fonctions et représentations du monachisme dans la péninsule ibérique du haut moyen âge ( VIIIe - XIe siècle)
Language
fr
Thèses de doctorat
Date
2014-11-22Speciality
Histoire médiévale
Doctoral school
École doctorale Montaigne-Humanités (Pessac, Gironde)Abstract
Cette étude vise à analyser la place occupée par les moines et les monastères, d’un double point de vue pratique et idéologique, dans la société hispanique du haut Moyen Âge, à l’exclusion de la Catalogne et d’al-Andalus. ...Read more >
Cette étude vise à analyser la place occupée par les moines et les monastères, d’un double point de vue pratique et idéologique, dans la société hispanique du haut Moyen Âge, à l’exclusion de la Catalogne et d’al-Andalus. Les fonctions remplies par les monastères sont, pour une part, traditionnelles et conformes à celles qu’ils exercent à la même époque dans d’autres régions de l’Occident chrétien. Le développement du monachisme – c’est-à-dire la fondation de monastères, leur enrichissement par donation et leur capacité à se nourrir de nouvelles recrues – s’explique par la croyance en la doctrine du salut, qui incite chacun à œuvrer pour sa rédemption et celle de ses proches. Mais la profusion de monastères dans la chrétienté péninsulaire tient aussi à d’autres facteurs : stratégies économiques, politiques et mémorielles des élites ; capacité de communautés rurales solidaires à faire émaner d’elles-mêmes de modestes établissements monastiques ; progression des royaumes septentrionaux aux dépens d’al-Andalus. La prolifération des monastères est favorisée par la souplesse des cadres normatifs dans lesquels ils s’intègrent ; il en résulte une grande adaptabilité de forme et de contenu, si bien que les monasteria les plus modestes se distinguent mal de simples églises rurales, l’une de leurs fonctions essentielles étant de servir aux nécessités du culte. Les grands monastères contribuent également à l’encadrement socio-pastoral par l’emprise qu’ils exercent sur les fonctions épiscopales, par la célébration de cérémonies liturgiques ouvertes aux laïcs, par le contrôle d’églises rurales, par la réception d’immunités qui les placent à la tête de véritables seigneuries. La situation frontalière qui caractérise la péninsule Ibérique du haut Moyen Âge confère aux monastères une couleur spécifique. Victimes des assauts musulmans, ils s’engagent en retour dans la défense des territoires chrétiens. Une partie de leurs fonctions habituelles se trouve réorientée, dans un tel contexte, en des applications particulières dont témoignent l’attention au sort des captifs ou le développement, à la fin du XIe siècle, d’une liturgie belliqueuse. Les fonctions sociales remplies par les monastères et le prestige attaché au genre de vie monastique justifient que les moines occupent, en pratique, une position centrale dans le fonctionnement de la société. Celle-ci n’apparaît pourtant pas telle qu’elle laisse émerger, dans les discours, l’idée promue à la même époque par les grands monastères du nord des Pyrénées selon laquelle les moines formeraient l’élite d’une société chrétienne hiérarchisée en fonction d’un critère de pureté, et pourraient prétendre, à ce titre, occuper le sommet de l’ordre du monde. Ancré dans une tradition wisigothique qui participe à expliquer une durable imperméabilité aux courants monastiques ultra-pyrénéens, le monachisme hispanique connaît à la fin du XIe siècle un processus de normalisation qui le fait entrer dans une nouvelle phase de son histoire.Read less <
English Abstract
This study aims to analyse, from a double practical and ideological point of view, the place of monks and monasteries in the early medieval hispanic society, apart from Catalonia and al-Andalus. The functions of monasteries ...Read more >
This study aims to analyse, from a double practical and ideological point of view, the place of monks and monasteries in the early medieval hispanic society, apart from Catalonia and al-Andalus. The functions of monasteries were in part traditional and in keeping with the ones they fulfilled elsewhere in the christian West. The rise of monasticism – that is, the foundation of monasteries, their increase in wealth trough donations, their ability to feed themselves with new recruits – may be explained by the belief in the doctrine of salvation, which incited every one to strive for his own redemption and that of his relatives. However, the abundance of monasteries in the peninsular christendom also depended on other factors : economic, political and memorial strategies of the elite ; ability of rural communities to make appear from themselves small monasteries ; expansion of the northern realms at the expense of al-Andalus. The proliferation of monasteries was boosted by the fluidness of the normative framework in which they took place and which favoured a wide range of formal adaptation, in such a way that many modest monasteria were not easy to distinguish from simple rural churches – one of their essential functions being to serve as places of worship. The big monasteries also took part in the social control and pastoral care, thanks to the hold on the episcopal functions, celebration of liturgical ceremonies opened to lay people, ownership of rural churches and privileges of immunity that put them at the head of authentic seigniories. The border situation of the early medieval Iberian Peninsula gave to monasteries a peculiar tone. As well as they suffered from the muslim assaults, they took part in the defence of the christian territories. In such a context, part of their usual functions were redirected to specific applications, of which the attention to the lot of prisoners or the development of a bellicist liturgy at the end of the 11th century are good examples. The social functions assumed by monasteries and the prestige of the monastic way of life explain that the monks, in practical terms, held a central position in the running of society. However, this role was not enough to make emerge, in discursive terms, the idea – promoted at the same time by some big monasteries north of the Pyrenees – that the monks were the elite of a christian society hierarchically organized by a criterion of purity and claimed, for that very reason, to be at the top of the social order. The visigothic tradition in which hispanic monasticism was rooted may partly explain that it remained for long impervious to the ultra-pyrenean monastic trends. At the end of the 11th century, a process of normalization drove the iberian monasteries into a new phasis of their history.Read less <
Keywords
Monachisme
Fonctions sociales
Péninsule Ibérique
Haut Moyen Âge
Chartes
Donation
Conversion
Espace
Frontière
English Keywords
Monasticism
Social functions
Iberian Peninsula
Early Middle Ages
Charters
Donation
Conversion
Space
Border
Origin
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