Modélisation des données chronologiques, géomorphologiques et palynologiques du site de la Haute-Ile (Neuilly sur Marne) : proposition de restitution d’un paysage du Mésolithique récent/final

Abstract

Le site de la Haute-Ile `a Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis, France) est localisé dans une des dernières boucles formées par les larges méandres que décrit la Marne dans sa partie avale. Un projet d’aménagement a engendré au début des années 2000 une opération archéologique qui a mis en évidence une succession d’occupations humaines, depuis le Mésolithique jusqu’`a la Tène finale. Une vaste étude pluridisciplinaire (stratigraphie, archéologie, géophysique, sédimentologie, palynologie, malacologie, radiocarbone...), `a forte résolution spatiale y a été menée. En effet, sur une surface de près de 70 ha constitué d’une montille entourée de paléochenaux, ont ´été réalises 6 transects de sondages, une trentaine de tranchées de diagnostic archéologique ainsi que 4 carottages palynologiques. Ces nombreuses données ont fait l’objet d’une récente synthèse qui a permis de proposer une reconstitution du paysage et notamment de la végétation `a proximité directe des zones d’occupation humaines.Pour ce faire, les modèles âge/profondeur de tous les ´échantillons palynologiques ont ´été actualisés. La méthode utilisée repose notamment sur l’exploitation des bornes chronologiques des palynozones régionales, elles-mêmes estimées grâce `a un logiciel de modélisation bayésiennedes données chrono-stratigraphiques (Chronomodel). Les récents développements du logiciel ainsi que la disponibilité de nouvelles datations ont permis la mise en œuvre d’une nouvelle calibration des palynozones du Bassin parisien, qui intègre désormais près de 300 dates (radiocarbones, dendrologiques et typo-chronologiques) contre les 159 mesures 14C disponiblesndans la version précédente en 2013.En s’appuyant sur la modélisation de la végétation régionale déjà réalisée (modèle REVEALS), les données palynologiques issues des 4 carottages ont ´et´e mobilisées dans une nouvelle ´étude quantitative afin d’estimer la composition de la végétation ” locale ” (modèle LOVE). Ces résultats, qui fournissent des informations précieuses sur l’environnement végétal à proximité directe de la zone de concentration des vestiges, ont également été confrontés aux données globales sur l’histoire de la végétation du bassin aval de la Marne.Par ailleurs, en intégrant l’ensemble des données issues de la prospection géophysique, des relevés stratigraphiques, des cartes de répartition des vestiges, de la synthèse typochronologique des faciès sédimentaires et du relevé topographique du site, il a ´et´e possible d’une part d’estimer le paléo-tracé et le niveau de la Marne `a la fin du Mésolithique, et d’autre part de distinguer plusieurs zones ´écologiques : dôme de l’île, berge, rive (contactavec la rivière), aire de fréquentation humaine, prairie humide de la Grande Noue, terrasse ancienne en rive droite de la Grande Noue et rive opposée de la Marne. Enfin, les résultats palynologiques ont ´et´e utilisés pour caractériser la végétation de ces différentes zones, en tenant compte des proportions estimées sur l’ensemble des profils. Cette spatialisation a par la suite donné lieu `a une proposition de reconstitution paysagère dela Haute-île `a la fin du Mésolithique, qui a servi de support `a la création de 2 vues d’artistes figurant la paléo-berge est de l'île, avant une restitution 3D du site.