Nouvelles polarisations politiques en Espagne : l’image de l’adversaire dans les discours de Ciudadanos et Podemos (2014‑2019)

Abstract

Dès le début de la transition démocratique en 1975, une partie de la classe politique, effrayée par les fantômes de la guerre civile, accepte le changement et opte pour le dialogue et le consensus politique. Cependant, à partir des années 2000, dans les discours populaires, ce modèle consensuel est critiqué : dès lors, la convergence idéologique ne garantit plus la stabilité de la démocratie mais, au contraire, la met en péril. En réaction à ce qui est considéré comme un pluralisme politique factice, deux nouveaux partis émergent en 2016 : Ciudadanos et Podemos. Tous deux entendent dépasser le clivage gauche-droite qui semble avoir perdu de sa force d’identification. Alors, pour se légitimer, ils créent de nouvelles dichotomisations de la scène politique, soit en se déclarant représentant d’une « nouvelle politique » par opposition à la « vieille politique », soit, dans le cas de Podemos, en revendiquant une stratégie populiste et en prônant la nécessité d’un modèle « adversarial » établissant un nouvel antagonisme entre le peuple et les élites. Cet article propose donc d’analyser les stratégies discursives employées par ces deux formations pour restructurer la scène politique, créer de nouvelles dichotomies et construire l’image de leurs adversaires.