Restauration des berges envahies par les renouées asiatiques : Quels impact des renouées et résilience de l’écosystème ?

Abstract

Les espèces exotiques envahissantes représentent une menace pour la biodiversité à l’échelle mondiale. Parmi les espèces végétales les plus préoccupantes, les renouées asiatiques (Reynoutria spp.) sont connues pour impacter la diversité végétale des milieux qu’elles envahissent, mais leurs impacts sur le compartiment endogé (i.e. sol) sont peu connus. Si de nombreuses opérations de génie écologique ont été menées par les gestionnaires, elles n’ont été qu’exceptionnellement suivies dans la durée, et leur efficacité pour restaurer la diversité et le fonctionnement de l’écosystème n’a jamais été évaluée. L’objectif de cette étude est donc d’évaluer 1/ les impacts des renouées asiatiques en particulier sur le compartiment sol et 2/ la résilience de l’écosystème après gestion de la renouée (élimination mécanique + compétition par espèces natives). Sur le bassin versant du Rhône, sept sites de berges ayant fait l’objet de restauration écologique ont été échantillonnés. Les communautés de plantes, du sol (microflore, micro-mesofaune) ainsi que les propriétés abiotiques des sols ont été étudiées. Nos résultats montrent que les effets de l’envahissement des berges par les renouées sur le compartiment sol sont très variables d’un site à l’autre. Globalement la présence des renouées, en plus de limiter la diversité végétale, tend à enrichir les sols en N, P et Corg ce qui stimule l’activité microbienne. Au niveau des communautés de faune du sol (e.g. collemboles, acariens), peu d’effets marqués en termes d’abondance ou de richesse ont été observés mais les assemblages diffèrent en terme d’espèces. Concernant les actions de restauration, l’élimination des renouées permet l’expression d’une diversité végétale riche et variée. Cependant au niveau du compartiment endogé, nos résultats révèlent des pratiques de gestions très différentes entre nos sites allant jusqu’à une baisse des éléments nutritifs dans le sol et un appauvrissement des communautés microbiennes et de collemboles. Cette étude permet donc de montrer que si les effets de la restauration sur la végétation sont incontestables, les conséquences sur le compartiment sol sont moins nets voire discutables. Des données complémentaires sur les fonctions du sol sont en cours d’acquisition, et devraient permettre d’affiner ces résultats actuels sur les sols.