Les journalistes libanais sur Twitter : entre auto-promotion et déontologie professionnelle

Abstract

Depuis son arrivée en 2006, Twitter se démarque comme étant la principale plateforme de l’information, et ce, non seulement auprès des institutions médiatiques, mais aussi auprès des journalistes qui se sont plongés dans un monde nouveau, où chaque publication est lue, retweetée et commentée (Molyneux, 2014). Twitter leur offre ainsi un moyen d’être en contact direct avec le public, dans la logique de la culture du « follow » (Enda, 2011 ; Molyneux & Holton, 2014).Au cours de la vulgarisation de sa « online persona » (identité en ligne), le journaliste se voit souvent basculer dans un univers moins professionnel que d’habitude, un univers où tout un chacun est vulnérable à des attaques personnelles, au vu et au su du monde entier.Outre le fait de relayer de l'information, Twitter s'est petit à petit transformé en une plateforme de plaidoyer où le journaliste pourrait être vu comme un influenceur, lanceur, défenseur d’opinions, obligé de répondre aux attentes de publics divers, dans un environnement impitoyable. Cet outil de communication s’est indéniablement mué en un outil de marque, via lequel les « J-Tweeters » ou les journalistes twitteurs (Lasorsa, Lewis, & Holton, 2012) sont amenés à naviguer dans des eaux troubles entre informations professionnelles et promotion personnelle tout en essayant d’adapter leurs anciennes normes de façon à ce qu’elles concordent avec les nouvelles demandes.Dans le cadre de cette thèse, notre objectif est d’observer ce phénomène dans le territoire libanais qui assure la particularité de cette recherche. Dans un contexte socio-politique fondé sur le confessionnalisme, nous visons à comprendre dans quelle mesure le journaliste libanais sur Twitter pourrait concorder entre sa déontologie professionnelle et sa présence en tant qu’influenceur exécutant des pratiques d’auto-promotion guidées par des motivations sous-jacentes. Ainsi, à travers une démarche inductive, cette thèse s’attache concrètement à étudier le comportement de vingt journalistes libanais sur ce réseau. Pour ce faire, une extraction des données Twitter et des entretiens semi-directifs menés auprès de notre échantillon, sont soumis à une analyse de contenu thématique, afin de cerner les multiples motivations et pratiques de nos vingt journalistes.Les résultats révèlent que les journalistes en question n’assument pas, sur le réseau, des tâches relatives à l’information. En contrepartie, ils tendent à cultiver une présence sur Twitter en tant que « personnalité médiatique célèbre » indépendamment de leur rôle journalistique. La prédominance des contenus d’opinion dévoile des motivations sous-jacentes, soit de nature personnelle et/ou professionnelle à caractère individuel, soit de nature politique (communielle) exercées à différents degrés.