A la frontière des genres : quand la drag-queen réinvente le spectaculaire

Abstract

La thèse se situe à la croisée des études de genre et des arts du spectacle. Elle a pour objet d’étude les performances des drag-queens, personnages hybrides qui viennent brouiller et remettre en question la frontière entre sexe et genre. Dans le monde du spectacle, les performances des drag-queens, délirantes et exaltantes, nous permettent de déplacer le questionnement autour du genre vers la sphère artistique. L’esthétique de la drag-queen repose d’ailleurs sur un principe de travestissement, principe qui induit un costume, un jeu autour de l’apparence, souvent très spectaculaire. Créatures de la nuit, stars de paillette, travestis exubérants, grandes folles... Tous ces termes, et la liste n’est pas exhaustive, qualifient dans le jargon familier ce que nous appelons des drag-queens. Mais qu’est-ce qu’une drag-queen ? Connait-on vraiment aujourd’hui l’art d’être une drag-queen ? La thèse s’articule autour de trois axes, la maternité des drag-queens, les personnages drag-queen et le spectaculaire des drag-queens. L’axe de la maternité analyse les différentes lignées de drag-queens et la façon dont ces dernières se sont inscrites dans une histoire sociétale et scénique. L’axe du personnage analyse le genre de personnage que sont les drag-queens, mis en perspective des personnages de théâtre traditionnels. Le dernier axe permet une analyse des performances drag-queens, d’en comprendre les caractéristiques et les enjeux principaux. Elles sont en lien avec une forme de maternité, dont les drag-queens actuelles sont les héritières. Les drag-queens sont aujourd’hui connues du grand public grâce à l’émission américaine RuPaul’s drag race créée par la drag-queen RuPaul. Cette thèse a donc pour objet d’étude un phénomène contemporain, celui de l’émergence des drag-queens comme personnages médiatiques. Nous nous intéressons à différentes drag-queens comme Mado Lamotte au Canada mais aussi et surtout aux drag-queens françaises et bordelaises qui appartiennent à une « nouvelle vague » de drag-queens liées à cette récente popularité. Peu étudiées en arts du spectacle, cette thèse a pour but de combler ce vide et d’envisager enfin les drag-queens comme des artistes scéniques à part entière. Cette recherche se base également sur des entretiens réalisés avec plusieurs drag-queens. Ces entretiens servent de témoignages, mais aussi de base pour comprendre la démarche intime et artistique de ces artistes.