Synchronie et asynchronie dans les communications numériques entre adolescents et professionnels de la jeunesse

Abstract

La socialisation des adolescents s'effectue de plus en plus dans des espaces hybrides (boyd, 2014 ; De Souza e Silva, 2006). Il s'agit d'espaces au sein desquels la présence physique dans un lieu se complète par une présence dans un cyberespace (Valentin, 2010). Ce dernier est souvent considéré-à tort-comme « virtuel » et opposé à une réalité physique matériellement saisissable. Pour cela, nous préférons et utilisons dans ce texte les termes « espace numérique » au lieu de « cyberespace » ou « espace virtuel ». Pourtant, afin de comprendre l'environnement numérisé dans lequel évolue l'individu contemporain il semble nécessaire d'aller au-delà de cette traditionnelle dichotomie et d'analyser le lien entre ces deux espaces (physique et numérique) afin de comprendre la nature des communications dont ils sont le théâtre. Si, pour les adolescents, les espaces physiques se limitent souvent aux lieux récurrents qu'ils connaissent, utilisent et s'approprient depuis longtemps c'est parfois aussi dans ces mêmes espaces qu'ils y sont chez eux « sans vraiment l'être tout à fait ». L'investissement des espaces numériques par les adolescents s'explique ainsi en grande partie par la recherche d'un ailleurs éloigné de cette pression parentale et propice à l'échange, qu'il peut organiser, gérer et investir à sa guise mais aussi avec ses pairs (boyd, 2014). Parallèlement, ces espaces numériques apparaissent pour les jeunes comme la réponse à une réduction progressive des espaces traditionnels d'expérimentation et de socialisation de plus en plus régulés (hall d'entrée d'immeuble, lieux publics, jardins municipaux, parkings…) (boyd, 2008).