Des usages de la métaphore dans l'analyse des rituels

Abstract

Discutant les théories de V.Turner et de R.Wagner, ce chapitre soulève les difficultés que pose l’usage d’un trope tel que la métaphore dans l’analyse des faits sociaux, en l’occurrence des rituels. L’analyse de différentes formes de gestations et de leurs aspects fondamentaux, à Wallis (Polynésie occidentale), tend en effet à montrer que les analyses en termes de métaphore, c’est-à-dire défendant la transposition d’un registre de signification vers un autre, masque des processus sémantiques plus complexes. Il implique en effet une dichotomie entre « littéral, premier », et ce qui est « figuré, second, métaphorique », distinction caractérisant bien des phénomènes glosés par les ethnologues comme étant « symboliques ». Ce faisant, une telle analyse tend à plier l’étude des phénomènes rituels à des principes sémiotiques culturellement situés. D’un point de vue épistémologique, il peut conduire à une simplification abusive des processus sémantiques à l’œuvre là où les faits, compris à partir des systèmes locaux à la fois techniques et rituels d’où émerge leur sens, gagnent en clarté.