Le pouvoir symbolique comme modalité de l’accumulation : propositions pour une économie politique structurale

Abstract

Grande figure du « marxisme politique », Ellen Meiksins Wood explique le développement du capitalisme par une « séparation conceptuelle » des registres économique et politique. Mais elle ne fournit pas de clés pour étudier de façon précise et systématique le travail politique qui permet cette séparation. En développant la théorie des champs et en mettant au premier plan la notion pouvoir symbolique, Pierre Bourdieu offre quant à lui les moyens d’analyser le travail politique de multiples agents. Mais il ne formule pas une théorie du capitalisme ajustée à ses propositions. Le croisement des deux démarches permet de proposer un schéma explicatif intégré : différents champs coexistent qui prêtent chacun à un rapport de force politique, fondé sur l’exercice d’un pouvoir symbolique ; chaque champ contribue à une « séparation conceptuelle » des registres économique et politique, elle-même constitutive du capitalisme. Les représentations qui en découlent amènent à considérer que les activités de production et les échanges marchands participent d’un processus naturel et autonome. Elles permettent d’accumuler du capital sans avoir besoin de recourir directement à la force. La combinaison des champs peut prêter à quelques variations. Elle donne forme dans tous les cas aux structures politiques de l’accumulation ».