Que font les scientifiques lorsqu’ils ne sont pas naturalistes. le cas des levuristes
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L'Homme - Revue française d'anthropologie. 2017 n° 222, p. 35-56
Éditions de l'EHESS
Résumé
Dans Par-delà nature et culture, Philippe Descola définit, à partir d’une dualité intériorité/physicalité qui serait universelle, quatre schèmes de pensée permettant de rendre compte de l’ensemble des cosmologies des ...Lire la suite >
Dans Par-delà nature et culture, Philippe Descola définit, à partir d’une dualité intériorité/physicalité qui serait universelle, quatre schèmes de pensée permettant de rendre compte de l’ensemble des cosmologies des sociétés passées et présentes : le naturalisme, l’animisme, le totémisme et l’analogisme, le naturalisme étant le schème propre aux Modernes et donc aux scientifiques occidentaux. Cet article, fondé sur une observation de plusieurs années des relations entre biologistes et leur objet d’étude, la levure Saccharomyces cerevisiae, au sein d’un laboratoire de génétique et de biologie cellulaire, a pour vocation de questionner la pertinence des catégories descoliennes pour décrire les pratiques scientifiques. En analysant le type de relations instaurées entre humains et non-humains dans l’espace du laboratoire, il est en effet possible de montrer que les biologistes usent en fait d’analogismes pour établir des continuités, là où le naturalisme pose la continuité comme préalable à toute connaissance sur le vivant. Mais ce passage du naturalisme à l’analogisme est-il pleinement satisfaisant ? Nous faisons alors l’hypothèse de penser les scientifiques comme étant relationnistes.< Réduire
Résumé en anglais
In Beyond Nature and Culture, based on a dichotomy between interiority and physicality considered as universal, Philippe Descola defines four schemes of thought which allow us to account for all past and present societies’ ...Lire la suite >
In Beyond Nature and Culture, based on a dichotomy between interiority and physicality considered as universal, Philippe Descola defines four schemes of thought which allow us to account for all past and present societies’ cosmologies : naturalism, animism, totemism and analogism, wherein naturalism is peculiar to the Moderns, and therefore to Western scientists. This article, based on a several-year observational study in a genetics and cell biology laboratory of the relations between biologists and their object of study, the yeast Saccharomyces cerevisiae, aims to question the relevance of these Descolian categories in accounting for scientific practices. By analyzing the type of human/non-human relationship established in the laboratory space, it is indeed possible to show that biologists actually use analogies to establish continuities, where naturalism posits continuity as a precondition for the production of knowledge about living things. Yet is this passage from naturalism to analogism fully satisfying ? We then hypothesize that scientists are profoundly relationalists.< Réduire
Mots clés
naturalisme
levures
analogisme
relationnisme
laboratoire
Philippe Descola
relations humains/non-humains
Mots clés en anglais
Philippe Descola
humans/non humans relations
naturalism
analogism
relationism
laboratory
yeasts
biology
Origine
Importé de hal