Le rôle de l’émotion esthétique dans la construction de l’économie mathématique
Langue
FR
Article de revue
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Implications philosophiques. 2019-05-01
Résumé
Cet article porte sur le rôle épistémique des émotions esthétiques en économie mathématique. Nous formons l’hypothèse que la formalisation mathématique en économie a contribué à façonner la sensibilité des économistes par ...Lire la suite >
Cet article porte sur le rôle épistémique des émotions esthétiques en économie mathématique. Nous formons l’hypothèse que la formalisation mathématique en économie a contribué à façonner la sensibilité des économistes par les émotions esthétiques que les modèles mathématiques produisent. Nous mettons tout d’abord en évidence que, dans le champ des mathématiques, de nombreux chercheurs adhèrent à l’idée que la beauté esthétique d’une théorie est révélatrice de la « vérité » qu’elle incarne : les émotions esthétiques ont, en ce sens, une fonction épistémique qui permet de connaître ou d’approcher le réel. Nous montrons ensuite que la majorité des économistes qui ont construit la science économique dominante au cours du XXe siècle ont bien été sensibles à l’attrait esthétique des mathématiques, mais que cela s’est fait au détriment du réalisme des hypothèses des théories économiques. Nous montrons enfin, au travers de la figure tutélaire de Gérard Debreu, prix « Nobel » d’économie en 1983, que l’histoire de l’économie mathématique (et de son modèle le plus célèbre, le modèle d’équilibre général) est celle de la transmission d’une forme considérée par de nombreux économistes comme étant non sensible – axée sur la rationalité et la rigueur – qu’une communauté scientifique a en fait, bien au contraire, intégrée et partagée sur une base esthétique affective.< Réduire
Mots clés
émotion esthétique
économie mathématique
modèle d’équilibre général
Gérard Debreu
Unités de recherche