État des lieux de la surveillance par le service de santé au travail des salariées enceintes au CHU de Bordeaux
Langue
FR
Thèse d'exercice
Date de soutenance
2019-10-10Spécialité
Médecine et santé au travail,thèse d'exercice de médecine spécialisée
Résumé
Le CHU de Bordeaux compte chaque année en moyenne entre 400 et 500 grossesses. Le milieu hospitalier est connu pour exposer la travailleuse à de nombreux risques pouvant être délétères pour la grossesse. Afin de limiter ...Lire la suite >
Le CHU de Bordeaux compte chaque année en moyenne entre 400 et 500 grossesses. Le milieu hospitalier est connu pour exposer la travailleuse à de nombreux risques pouvant être délétères pour la grossesse. Afin de limiter l’impact de ces risques, le service de santé au travail (SST) du CHU de Bordeaux développe depuis 2008 une stratégie de surveillance des salariées enceintes. Une consultation dédiée à la grossesse a notamment été mise en place et une cartographie des services et postes à risque a été réalisée. A travers ce travail comportant une revue de la littérature sur les effets des différentes expositions professionnelles du secteur de la santé sur la grossesse, un rappel du cadre réglementaire, un recueil de bonnes pratiques dans la littérature et les sociétés savantes, et deux enquêtes menées au sein du CHU de Bordeaux, l’objectif de ce travail était de faire un état des lieux de la surveillance par le SST des salariées enceintes au CHU de bordeaux. Étude qualitative : nous avons réalisé dans un premier temps une enquête auprès du personnel de santé au travail (médecins, infirmières et secrétaires). Les informations ont été recueillies à partir d’entretiens semi-dirigés réalisés en face à face sur la base d’un guide construit au préalable. Étude quantitative : dans un deuxième temps, nous avons mené une enquête auprès des femmes salariées au CHU de Bordeaux, toutes professions confondues, et ayant eu un début de grossesse entre le 15 février 2017 et 14 février 2018. Les informations ont été obtenues à partir d’un questionnaire renseigné par les femmes en suite de couches soit, lors de la visite de reprise après maternité soit, par contact téléphonique pour celles y ayant échappé. Résultats : étude qualitative : 1 médecin du travail, 1 infirmière et 1 secrétaire ont été interrogés dans chacune des 4 unités de médecine du travail du personnel hospitalier (MTPH) du CHU de Bordeaux. Des pratiques hétérogènes dans la surveillance des salariées enceintes entre les différentes unités ont été mises en évidence, en particulier dans l’organisation de la consultation dédiée et l’utilisation de la cartographie des services et postes à risque. Étude quantitative : 252 questionnaires sur 421 femmes incluses ont été obtenus. Cent quarante salariées enceintes ont été reçues en « consultation grossesse » dans le SST (56%) au cours de leur 4ème mois de grossesse, dont 72% parmi les femmes travaillant dans des services reconnus comme prioritaires pour les mesures de prévention. Seules 34% des sondées ont dit avoir bénéficié d’un aménagement de leur poste de travail. Parmi celles qui n’en ont pas eu, la raison la plus fréquemment évoquée était une incompatibilité de la nature de l’aménagement préconisé avec le poste de travail ou l’organisation du service (47%). L’âge gestationnel moyen à l’arrêt sans reprise jusqu’à l’accouchement était de 26 +/- 8 SA. Cet arrêt était en lien pour 60% avec leur condition de travail. Aucune information n’a pu être obtenue concernant les femmes médecins, suggérant leur non repérage et leur non suivi par le SST. Même si plus de la moitié des salariées enceintes ont pu bénéficier d’une consultation grossesse dans le SST, il ressort notamment de ce travail que la plupart des femmes enceintes s’arrête de travailler avant la fin de leur 6ème mois de grossesse en raison de leurs conditions de travail et que la plupart des femmes reçues en consultation le sont tardivement (au cours de leur 4ème mois) alors que le 1er trimestre est reconnu comme période à risque pour l’enfant à naître. Pour améliorer cette situation, ce travail suggère plusieurs axes d’actions comme la communication autour des risques pour la grossesse dans les services ciblés à risque, l’harmonisation de la transmission au plus tôt de l’information de l’état de grossesse des salariées au SST avec les informations utiles aux convocations par une sensibilisation des directions, l’harmonisation des pratiques dans le suivi des salariées enceintes au sein des 4 unités de MTPH, ou une réflexion sur les organisations de travail afin d’anticiper les situations à risque, par des aménagements de poste quand ils sont nécessaires par exemple. Comme le souligne la littérature, le SST aura besoin, pour redynamiser le groupe de travail existant, de s’appuyer sur une réflexion pluridisciplinaire associant l’ensemble des partenaires de l’établissement dans la perspective de s’orienter vers une logique organisationnelle de conciliation grossesse et travail comme le recommande l’Anact, plutôt que de tendre vers une logique individuelle par un retrait anticipé. Le soutien scientifique et méthodologique du centre ARTEMIS devrait pouvoir permettre de tendre vers cette stratégie. Enfin, la référence à des recommandations nationales pour le suivi des femmes enceintes faciliterait certainement la mise en place d’une politique de prévention globale dans les établissements de soins.< Réduire
Mots clés
Grossesse au travail
Personnel hospitalier
Service de santé au travail
Prévention
Surveillance
Exposition professionnelle
Mots clés en anglais
Pregnancy at work
Health care workers
Occupational health
Prevention
Follow-up
Occupational exposure
Unités de recherche