Les temps forts en dialyse en 2024
Langue
FR
Article de revue
Ce document a été publié dans
Néphrologie & Thérapeutique. 2025-04-10, vol. 21, n° S1, p. 11-17
Résumé
En 2024, la dialyse connaît des avancées, notamment sur le plan environnemental. La « dialyse verte » se profile comme une priorité avec la réduction de l’empreinte carbone des centres de dialyse (consommation d’eau et de ...Lire la suite >
En 2024, la dialyse connaît des avancées, notamment sur le plan environnemental. La « dialyse verte » se profile comme une priorité avec la réduction de l’empreinte carbone des centres de dialyse (consommation d’eau et de ressources, déplacement des patients). Des stratégies innovantes, comme l’ajustement du débit et de la température du dialysat, ont montré une efficacité similaire à celle de la dialyse standard sur le Kt/V tout en diminuant la consommation d’eau. Une revue Cochrane récente confirme l’équivalence entre la dialyse péritonéale (DP) et l’hémodialyse (HD) en termes de mortalité. L’hémodiafiltration (HDF) revient par ailleurs sur le devant de la scène grâce à l’étude CONVINCE et ses études ancillaires, qui montrent une réduction du risque de mortalité et une amélioration de la qualité de vie. De plus, des adaptations techniques permettent d’envisager une HDF plus respectueuse de l’environnement. Les stratégies d’anticoagulation évoluent également : la dialyse sans héparine, par dialysat sans calcium et la réinjection asservie à la dialysance ionique, font preuve de leur efficacité. Une grande étude française, basée sur le registre Rein et le Système national de données de santé (SNDS), montre que les anticoagulants oraux directs, en particulier l’apixaban, bien que hors autorisation de mise sur le marché (AMM) en dialyse, offrent des perspectives intéressantes pour réduire le risque thromboembolique. L’inflammation chronique, source majeure de risque cardiovasculaire chez les dialysés, fait l’objet d’essais thérapeutiques ciblant l’IL-6 (clazakizumab), avec des résultats de phase II encourageants. Parallèlement, la gestion du sodium du dialysat est réévaluée : une réduction individualisée permet de mieux contrôler la pression artérielle mais doit être utilisée avec prudence chez certains patients. Enfin, chez les personnes âgées contre-indiquées à la transplantation, l’instauration d’une hémodialyse apporte un bénéfice de survie modeste, parfois au détriment du temps passé à domicile. Les décisions entre la dialyse et le choix de ne pas dialyser (traitement conservateur) doivent donc s’appuyer sur les préférences et la qualité de vie du patient.< Réduire
Résumé en anglais
In 2024, dialysis is experiencing advancements, particularly in environmental sustainability. “Green dialysis” is emerging as a priority, aiming to reduce the carbon footprint of dialysis centers (water and resource ...Lire la suite >
In 2024, dialysis is experiencing advancements, particularly in environmental sustainability. “Green dialysis” is emerging as a priority, aiming to reduce the carbon footprint of dialysis centers (water and resource consumption, patient transportation). Innovative strategies, such as adjusting dialysate flow rate and temperature, have demonstrated similar effectiveness to standard dialysis in terms of Kt/V while reducing water consumption. A recent Cochrane review confirms the equivalence between peritoneal dialysis (PD) and hemodialysis (HD) in terms of mortality. Additionally, hemodiafiltration (HDF) is regaining attention thanks to the CONVINCE study and its ancillary studies, which show a reduction in mortality risk and an improvement in quality of life. Furthermore, technical adaptations are making HDF more environmentally friendly. Anticoagulation strategies are also evolving: heparin-free dialysis, using calcium-free dialysate and reinjection controlled by ionic dialysance, has proven effective. A large French study based on the Rein registry and the National Health Data System database shows that direct oral anticoagulants, particularly apixaban, although not officially approved for dialysis (off-label use), offer promising prospects for reducing thromboembolic risk. Chronic inflammation, a major cardiovascular risk factor in dialysis patients, is the focus of therapeutic trials targeting IL-6 (clazakizumab), with encouraging phase II results. Meanwhile, dialysate sodium management is being reassessed: individualized reductions can help better control blood pressure but must be used cautiously in certain patients. Finally, in elderly patients contraindicated for transplantation, initiating hemodialysis provides only a modest survival benefit, sometimes at the cost of reduced time spent at home. Decisions between dialysis and conservative management (opting not to dialyze) should therefore be guided by patient preferences and quality of life. En 2024, la dialyse connaît des avancées, notamment sur le plan environnemental. La « dialyse verte » se profile comme une priorité avec la réduction de l’empreinte carbone des centres de dialyse (consommation d’eau et de ressources, déplacement des patients). Des stratégies innovantes, comme l’ajustement du débit et de la température du dialysat, ont montré une efficacité similaire à celle de la dialyse standard sur le Kt/V tout en diminuant la consommation d’eau. Une revue Cochrane récente confirme l’équivalence entre la dialyse péritonéale (DP) et l’hémodialyse (HD) en termes de mortalité. L’hémodiafiltration (HDF) revient par ailleurs sur le devant de la scène grâce à l’étude CONVINCE et ses études ancillaires, qui montrent une réduction du risque de mortalité et une amélioration de la qualité de vie. De plus, des adaptations techniques permettent d’envisager une HDF plus respectueuse de l’environnement. Les stratégies d’anticoagulation évoluent également : la dialyse sans héparine, par dialysat sans calcium et la réinjection asservie à la dialysance ionique, font preuve de leur efficacité. Une grande étude française, basée sur le registre Rein et le Système national de données de santé (SNDS), montre que les anticoagulants oraux directs, en particulier l’apixaban, bien que hors autorisation de mise sur le marché (AMM) en dialyse, offrent des perspectives intéressantes pour réduire le risque thromboembolique. L’inflammation chronique, source majeure de risque cardiovasculaire chez les dialysés, fait l’objet d’essais thérapeutiques ciblant l’IL-6 (clazakizumab), avec des résultats de phase II encourageants. Parallèlement, la gestion du sodium du dialysat est réévaluée : une réduction individualisée permet de mieux contrôler la pression artérielle mais doit être utilisée avec prudence chez certains patients. Enfin, chez les personnes âgées contre-indiquées à la transplantation, l’instauration d’une hémodialyse apporte un bénéfice de survie modeste, parfois au détriment du temps passé à domicile. Les décisions entre la dialyse et le choix de ne pas dialyser (traitement conservateur) doivent donc s’appuyer sur les préférences et la qualité de vie du patient.< Réduire
Mots clés en anglais
green dialysis; hemodiafiltration; peritoneal dialysis; direct oral anticoagulants; inflammation; sodium conductivity; elderly patients; quality of life
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