Étude de l’effet de l’hormonothérapie d’affirmation de genre sur la repolarisation cardiaque dans une cohorte d’adultes transgenres

Abstract

Introduction : la population transgenre semble avoir un risque cardio-vasculaire augmenté, en particulier arythmogène, en lien avec l’hormonothérapie d’affirmation de genre (GAHT). L’action connue des hormones sexuelles sur la repolarisation cardiaque contribue au dimorphisme sexuel des troubles de la conduction cardiaque objectivé entre les femmes et les hommes adultes. Notre travail a pour but d’évaluer l’action de la GAHT sur la repolarisation cardiaque (mesure de la durée du QTc). Méthodes : il s’agit d’une étude longitudinale, observationnelle, monocentrique portant sur une cohorte de personnes transgenres suivies au CHU de Bordeaux. Chaque participant a bénéficié d’une (si GAHT déjà instaurée) ou deux (avant/après instauration de la GAHT) évaluations cliniques, biologiques et électrocardiographiques. Résultats : cent-neuf personnes transgenres ont participé à l’étude : 73 (41 hommes trans, 35 femmes trans) étaient déjà traitées par la GAHT et 33 (18 hommes trans et 15 femmes trans) ont eu deux évaluations (avant et après instauration de la GAHT). Chez ces derniers, le traitement féminisant (oestrogénothérapie et anti-androgène) allongeait le QTc (378 vs 396ms, p=0.0001) tandis que le traitement masculinisant (testostérone) raccourcissait le QTc (394 vs 385 ms, p<0.0001). Les durées de QTc chez les personnes trans traitées étaient similaires à celles des personnes cis du genre souhaité. Nous n’avons pas mis en évidence de corrélation entre la durée du QTc et les taux plasmatiques d’hormones sexuelles ni de gonadotrophines. Conclusion : notre étude a permis de montrer que la GAHT modifie significativement la repolarisation cardiaque : l’hormonothérapie féminisante allonge le QTc alors que l’hormonothérapie masculinisante le raccourcit.