Le rapport au vote des cohortes nées et socialisées en démocratie en Espagne : de nouvelles cultures du vote ?
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Thèses de doctorat
École doctorale
Sociétés, Politique, Santé PubliqueRésumé
Cette thèse propose d’étudier le rapport au vote en Espagne des cohortes nées et socialisées en démocratie, pour les comparer avec leurs ainés. En effet, la littérature existante n’a pas interrogé les différences de culture ...Lire la suite >
Cette thèse propose d’étudier le rapport au vote en Espagne des cohortes nées et socialisées en démocratie, pour les comparer avec leurs ainés. En effet, la littérature existante n’a pas interrogé les différences de culture électorale qui existeraient entre ces « nouveaux venus », les générations de la Transition et les plus âgées. Trop rarement, il s’est agi d’une analyse par l’âge et non par les cohortes et l’approche longitudinale. Pourtant, la recherche internationale pointe la responsabilité des nouvelles générations dans le déclin de la participation électorale dans les démocraties occidentales (Blais et al., 2004 ; Blais & Rubenson, 2013). L’Espagne fait pourtant exception, car, contrairement à ces dernières, la participation lors des élections de premier-ordre n’y a presque pas décliné. C’est un paradoxe car on aurait pu postuler que ces « générations critiques » (Lorente & García-Albacete, 2019, 2021), moins croyantes et précarisées durant la crise de 2008, auraient dû encore plus s’abstenir que leurs homologues des autres pays. Cette thèse propose de résoudre cette énigme en utilisant des méthodes mixtes. En premier lieu, nous réalisons une étude longitudinale grâce aux enquêtes post-électorales du Centro de Investigaciones Sociológicas de 1979 à 2024. Plusieurs aspects des « cultures du vote » des cohortes sont analysés : 1.) les inégalités inter et intragénérationnelles lors des élections générales et de second-ordre (les européennes et les référendums nationaux) depuis 1979. 2.) la perception du vote comme « un devoir civique » de 1980 à 2019, l’acceptabilité de l’abstention (en 1990 et 2005), et les habitudes de vote déclarées de « manière générale », et en fonction du type d’élection. Plusieurs régressions logistiques et des modèles généraux additionnels mixtes sont utilisés pour distinguer les effets d’âge, de période et de cohorte, « nœud gordien » des méthodes APC (Bell, 2020). Puis, pour approfondir les résultats de l’analyse quantitative, nous avons interrogé les représentations du vote de membres des différentes cohortes, à travers une campagne de 46 entretiens semi-directifs. Ces cohortes nées et socialisées en démocratie développent une culture du vote différente de leurs ainés socialisés durant la Transition, le franquisme et la Guerre Civile. Leur participation reste importante lors des élections générales, et est plus forte que les nouvelles générations d’autres démocraties occidentales. La crise de 2008 a abouti à une forte politisation. Cependant, leur vote est plus irrégulier et fluctue en fonction de l'intensité des campagnes électorales. Leur abstention devient plus répandue lors des élections de second-ordre. De plus, les inégalités intragénérationnelles en fonction du niveau d’études et de la classe sociale sont bien plus fortes en leur sein que dans les générations d’avant. Ces résultats s’expliquent aussi par l’individuation de leur rapport au vote, déjà observé dans d’autres pays. Ces cohortes, en particulier ses membres les plus intéressés par la politique et les plus diplômés, s’inscrivent pleinement dans une citoyenneté du vote de « droit » qui s’éloigne de la citoyenneté du « devoir » des cohortes socialisées sous la Transition et le franquisme. Ces résultats soulignent l’importance du rôle des partis politiques et des médias pour mobiliser ces « nouveaux » citoyens dans les urnes, dont les représentations et les attentes envers le vote sont différentes des autres générations.< Réduire
Résumé en anglais
This thesis proposes to study the relationship to voting in Spain of cohorts born and socialised in a democracy, in order to compare them with their elders. The existing literature has not examined the differences of ...Lire la suite >
This thesis proposes to study the relationship to voting in Spain of cohorts born and socialised in a democracy, in order to compare them with their elders. The existing literature has not examined the differences of electoral cultures between these ‘newcomers’, the generations of the Transition and the older generations. All too rarely, the analysis has been based on age rather than cohorts and a longitudinal approach. Yet international research points to the responsibility of the younger generations in the decline of electoral participation in Western democracies (Blais et al., 2004; Blais & Rubenson, 2013). Spain is an exception, however, because unlike the other democracies, voter turnout in first-order elections has hardly declined at all. This is paradoxical, since it could have been postulated that these ‘critical generations’ (Lorente & García-Albacete, 2019, 2021), who were less religious and less secure during the Great Recession, should have abstained even more than their counterparts in other countries. This thesis proposes to solve this conundrum using mixed methods. Firstly, we carry out a longitudinal study using post-election surveys conducted by the Centro de Investigaciones Sociológicas between 1979 and 2024. Several aspects of the cohorts' “voting cultures” are analysed: 1.) inter- and intra-generational inequalities in general and second-order elections (European elections and national referendums) since 1979; 2.) the perception of voting as a “civic duty” from 1980 to 2019, the acceptability of abstention (in 1990 and 2005), and declared voting habits “in general” and according to the type of election. Several logistic regressions and additional general mixed models (GAMMs) are used to distinguish age, period and cohort effects, the ‘Gordian knot’ of APC methods (Bell, 2020). Then, to expand on the results of the quantitative analysis, we questioned the voting perceptions of members of the various cohorts, through a campaign of 46 semi-structured interviews. These cohorts, born and socialised in a democracy, have developed a different voting culture to their elders, who were socialised during the Transition, Francoism and the Civil War. Their turnout remains high at general elections, and is higher than that of new generations in other Western democracies. The Great Recession has led to a high degree of politicisation. However, their voting is more irregular and fluctuates according to the intensity of election campaigns and the type of elections. Their abstention becomes more widespread during second-order elections. What's more, intra-generational inequalities based on educational level and social class are much greater among them than in previous generations. These results can also be explained by the individualisation of their voting behaviour, which has already been observed in other countries. These cohorts, particularly those most interested in politics and with the highest levels of education, are fully committed to a citizenship of ‘right’ voting, which is a far cry from the citizenship of ‘duty’ of the cohorts socialised under the Transition and Franco. These results underline the importance of the role of political parties and the media in mobilising these ‘new’ citizens to vote, whose representations and expectations of voting are different from those of other generations.< Réduire
Résumé en espagnol
Esta tesis se propone estudiar la relación con el voto en España de las cohortes nacidas y socializadas en democracia, para compararlas con sus mayores. La literatura existente no ha examinado las diferencias de cultura ...Lire la suite >
Esta tesis se propone estudiar la relación con el voto en España de las cohortes nacidas y socializadas en democracia, para compararlas con sus mayores. La literatura existente no ha examinado las diferencias de cultura electoral entre estos «recién llegados», las generaciones de la Transición y las generaciones mayores. En muy pocas ocasiones, el análisis se ha basado en el ciclo vital y no en las cohortes y con un enfoque longitudinal. Sin embargo, las investigaciones internacionales apuntan a la responsabilidad de las nuevas generaciones en el declive de la participación electoral en las democracias occidentales (Blais et al., 2004; Blais y Rubenson, 2013). Sin embargo, España es una excepción porque, a diferencia de las demás democracias, la participación electoral en las elecciones de primer orden apenas ha disminuido. Esto resulta paradójico, ya que podría haberse postulado que estas «generaciones críticas» (Lorente & García-Albacete, 2019, 2021), menos religiosas y precarizadas durante la crisis de 2008, deberían haberse abstenido aún más que sus homólogas de otros países. Esta tesis propone resolver este enigma utilizando métodos mixtos. En primer lugar, llevamos a cabo un estudio longitudinal utilizando encuestas postelectorales realizadas por el Centro de Investigaciones Sociológicas entre 1979 y 2024. Se analizan varios aspectos de las «culturas de voto» de las cohortes: 1.) las desigualdades intergeneracionales e intrageneracionales en las elecciones generales y de segundo orden (elecciones europeas y referendos nacionales) desde 1979; 2.) la percepción del voto como un «deber cívico» desde 1980 hasta 2019, la aceptabilidad de la abstención (en 1990 y 2005), y los hábitos de voto declarados «en general» y según el tipo de elección. Se utilizan varias regresiones logísticas y modelos generales mixtos adicionales para distinguir los efectos de edad, periodo y cohorte, el «nudo gordiano» de los métodos APC (Bell, 2020). A continuación, para ahondar los resultados del análisis cuantitativo, interrogamos las percepciones de voto de los miembros de las distintas cohortes, a través de una campaña de 46 entrevistas semiestructuradas. Estas cohortes, que nacieron y se socializaron en democracia, desarrollaron una cultura de voto diferente a la de sus mayores que se socializaron durante la Transición, el franquismo y la Guerra Civil. Su participación sigue siendo alta en las elecciones generales, y es superior a la de las nuevas generaciones en otras democracias occidentales. La crisis de 2008 ha provocado un alto grado de politización entre estas cohortes. Sin embargo, su voto es más irregular y fluctúa en función de la intensidad de las campañas electorales y del tipo de elecciones. Su abstención está cada vez más extendida en las elecciones de segundo orden. Además, las desigualdades intrageneracionales basadas en el nivel educativo y la clase social son mucho mayores entre ellos que en las generaciones anteriores. Estos resultados también pueden explicarse por la individualización de su comportamiento electoral, que ya se ha observado en otros países. Estas cohortes, en particular las más interesadas en la política y con los niveles de educación más elevados, están plenamente comprometidas con una ciudadanía del «derecho» a votar, que dista mucho de la ciudadanía del «deber» de las cohortes socializadas bajo la Transición y el franquismo. Estos resultados subrayan la importancia del papel de los partidos políticos y de los medios de comunicación a la hora de movilizar a votar a estos «nuevos» ciudadanos, cuyas representaciones y expectativas del voto son diferentes de las de otras generaciones.< Réduire
Mots clés
Cohortes
Espagne
Études longitudinales
Méthodes mixtes
Participation électorale
Cultures du vote
Renouvellement générationnel
Étude de cas
Mots clés en anglais
Cohorts
Spain
Longitudinal studies
Mixed methods
Electoral participation
Voting cultures
Generational renewal
Case study
Origine
Importé de hal