Quelle place pour le captage et le stockage géologique de carbone dans la stratégie de décarbonation française ? Débats et promesses autour de l’avis de l’Ademe de 2020

Abstract

Les technologies de captage et de stockage géologique de carbone (csc) s’inscrivent pleinement dans l’idéal de modernisation écologique, puisqu’elles devraient permettre de mettre en œuvre une transition écologique plus douce, ne nécessitant pas de transformation profonde des comportements et de l’appareil productif et pouvant offrir des pistes de reconversion à l’industrie pétrolière et gazière. Après une période de relative difficulté au cours des années 2010, les technologies de captage et de stockage géologique du carbone ont opéré un retour à la fin de cette décennie dans les agendas politiques et les stratégies industrielles européennes liés à la transition écologique. Cependant, en juillet 2020, l’Ademe a publié un avis technique pointant le potentiel limité de cette technologie pour la décarbonation de l’économie française. Nous nous intéressons dans cet article à la façon dont les principaux promoteurs de cette technologie ont reçu cet avis et les échanges qu’il a générés au sein de cette coalition. En nous appuyant sur l’économie des promesses technoscientifiques, nous mettons en avant trois fragilités du discours de promotion du csc que la note de l’Ademe donne à voir : 1) une fragilité de la crédibilité scientifique à travers un désalignement des acteurs au sein de la coalition et la mise en avant d’incertitudes ; 2) une fragilité de l’horizon des attentes entre un gouvernement français qui voit dans le csc un outil marginal et des acteurs industriels, en particulier pétrogaziers, qui en font un instrument plus central dans la transition énergétique ; 3) une fragilité dans le soutien politique et industriel que la marginalité de la solution fait peser sur la filière.