Nouvelles technologies et traite des êtres humains : approche à partir de la théorie de la souveraineté
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Thèses de doctorat
École doctorale
École doctorale de droit (Talence, Gironde ; 1991-....)Résumé
Les nouvelles technologies facilitent toujours plus la traite des êtres humains, une infraction pénale qui se concrétise par l'exploitation des personnes. Parallèlement, le cadre de la lutte contre la traite et ses acteurs ...Lire la suite >
Les nouvelles technologies facilitent toujours plus la traite des êtres humains, une infraction pénale qui se concrétise par l'exploitation des personnes. Parallèlement, le cadre de la lutte contre la traite et ses acteurs évoluent pour moderniser leurs stratégies et leurs politiques. En particulier, les États et les acteurs du numérique se situent à la jonction de la répression de la traite et de la régulation du cyberespace. Ces deux types d'acteurs participent à cette lutte, questionnant ainsi la théorie de la souveraineté. En effet, la répression de la cyber traite suppose de rechercher qui exerce la contrainte, pour établir les obligations des Etats en tant que souverains, et de définir l'existence de nouveaux souverains, au regard du rôle des acteurs numériques. Par conséquent, lorsque différents souverains émergent, cette étude se concentre sur les rapports de contrainte entre eux, notamment sur les stratégies qu'ils développent et leur impact sur la répression de la cyber traite. Plutôt qu'une démonstration en faveur de la disparition de la souveraineté, cette étude reconsidère les fondements de cette théorie afin d'offrir une nouvelle perspective sur son application, en utilisant la répression de la cyber traite comme étude de cas.Cette étude révèle que la souveraineté peut être appliquée en dehors du système étatique et que des relations de contrainte et de collaboration se développent entre les entités souveraines, ce qui questionne la notion d'indépendance comme fondement de la souveraineté. Si la souveraineté est liée à l'exercice de la contrainte, elle peut être déconnectée de l'État. Cette déconnexion apparaît clairement du fait des limites de l'État à mettre en œuvre la contrainte lorsque les acteurs du numérique exercent un contrôle sur les données. Ainsi, différentes sources de contrainte apparaissent dans la répression de la cyber traite, nécessaires à la protection des victimes et à la condamnation des auteurs. Dès lors, plusieurs types de relations peuvent être établis entre les souverains. Premièrement, l'imposition de la contrainte entre souverains entrave l'exercice indépendant de celle-ci et une répression efficace de la traite. Au contraire, la collaboration entre souverains constitue une stratégie permettant de garantir la souveraineté de l'ensemble des acteurs et d'aboutir à une répression globale de la cyber traite. Une telle strategie se développe principalement en dehors du droit pénal. Par conséquent, les acteurs numériques apparaissent comme des intermédiaires dans la mise en œuvre des droits fondamentaux, et les États comme des intermédiaires à la contrainte des acteurs numériques en leur fournissant des outils pour légitimer leurs actions. Cependant, en raison d'une définition traditionnelle de la souveraineté et d'une approche principalement néolibérale des acteurs économiques, cette interconnexion entre acteurs étatiques et non-étatiques est effacée. Le fondement traditionnel de la souveraineté, l'indépendance, questionne la mise en œuvre et la légitimation des normes, en particulier les droits fondamentaux et les cadres de lutte contre la traite. Par conséquent, un critère complémentaire pourrait légitimer la souveraineté : l'interdépendance. Cette étude offre donc une nouvelle perspective de la théorie de souveraineté et l'adapte à l'environnement sociétal actuel. Le rôle du droit est également questionné. Cette étude des outils juridiques permettant de réprimer la cyber traite met en évidence une dégradation de la qualité du droit, notamment du droit pénal, considéré comme un outil de résolution des problèmes sociaux. Le droit est magnifié en tant que solution, notamment aux défis issus des technologies, conduisant à un solutionnisme juridique.< Réduire
Résumé en anglais
Human trafficking, a criminal offense resulting in the exploitation of people, is increasingly facilitated by new technologies. Similarly, the anti-trafficking framework and its actors are evolving to modernize their ...Lire la suite >
Human trafficking, a criminal offense resulting in the exploitation of people, is increasingly facilitated by new technologies. Similarly, the anti-trafficking framework and its actors are evolving to modernize their strategies and policies. In particular, states and digital actors appear at the crossroads of the repression of trafficking and the regulation of cyberspace. As both seek to participate in this fight, the theory of sovereignty is challenged. Indeed, the repression of cyber human trafficking requires research into who exercises coercion, particularly to establish the obligations of states as sovereigns, and the existence of new sovereigns, specifically to question the role of digital actors. Consequently, when various sovereigns emerge, this study focuses on the order of coercion between them, particularly the strategies they develop and their impact on the repression of cyber human trafficking. Instead of a demonstration in favor of its demise, this study aims to rethink the basis of the theory of sovereignty to offer a new perspective on its application, using the repression of cyber human trafficking as a case study.This study reveals that sovereignty can be applied outside the framework of the state and that relationships of coercion and collaboration are being developed between sovereign entities, challenging the notion of independence as the basis for sovereignty. If sovereignty is linked to the exercise of coercion, it can then be disconnected from the state. This disconnection clearly appears as a result of the limitations of the state in implementing it when digital actors exercise coercion over data. Indeed, various sources of coercion appear in the repression of cyber trafficking and are needed to protect the victims and convict the perpetrators. Consequently, various types of relationships can be drawn between sovereigns. First, imposing coercion between sovereigns hinders the independent exercise of coercion and the effective repression of trafficking. Second, collaboration between sovereigns arises as a strategy to protect each other’s sovereignty and to head toward a comprehensive repression of cyber trafficking. This mindset is particularly developed outside of criminal law. As a result, digital actors are intermediaries in the implementation of human rights, and states are intermediaries for digital actors by lending them guidance and tools to legitimize their actions. However, partly due to a traditional understanding of sovereignty and a mainly neoliberal approach to the business sector, this interconnectedness is negated under the current theory of sovereignty. Its traditional basis, independence, challenges the implementation and legitimization of norms, particularly human rights and anti-trafficking frameworks. Accordingly, a complementary criterion could legitimize sovereignty: interdependence. Thus, this study offers a new perspective on sovereignty and adapts it to the current societal environment. The role of the law is also questioned. This study on the legal tools to repress cyber trafficking highlights a downgrade in the quality of the law, specifically criminal law, which is seen as a tool to solve social problems. The law is magnified as a solution, in particular, to challenges derived from technologies, leading to legal solutionism.< Réduire
Mots clés
Traite d'êtres humains
Nouvelles technologies
Souveraineté
Mots clés en anglais
Criminal proceedings
Human trafficking
Sovereignty
Origine
Importé de hal