Syndrome de sensibilité chimique multiple (SCM) - Description des cas enregistrés dans le Réseau national de vigilance et de prévention des pathologies professionnelles (RNV3P) entre 2001 et 2021 : Rapport d’avril 2023 révisé novembre 2023
Langue
FR
Rapport
Ce document a été publié dans
2023-04-01 n° anses-04353693
Résumé
Le syndrome de sensibilité chimique multiple (SCM), antérieurement appelé syndrome d’intolérance aux odeurs chimiques (SIOC) ou en anglais multiple chemical sensitivity (MCS) a été défini en 1996 par l’OMS comme « une ...Lire la suite >
Le syndrome de sensibilité chimique multiple (SCM), antérieurement appelé syndrome d’intolérance aux odeurs chimiques (SIOC) ou en anglais multiple chemical sensitivity (MCS) a été défini en 1996 par l’OMS comme « une affection acquise caractérisée par la répétition de symptômes touchant de multiples organes qui surviennent lors de l’exposition à diverses substances chimiques à des concentrations bien inférieures à celles connues pour entrainer les effets sur la population ».La SCM et l’hypersensibilité aux champs électromagnétiques (EHS) sont regroupés dans un ensemble connu sous le nom d’intolérance environnementale idiopathique ou idiopathic environmental intolerance (IEI). Les personnes qui en souffrent sont souvent sensibles à plusieurs éléments de l’environnement.Le rapport d’expertise de l’Anses, publié en 2018, « Hypersensibilité électromagnétique ou intolérance environnementale idiopathique attribuée aux champs électromagnétiques » souligne les analogies de l’hypersensibilité électromagnétique avec la SCM. Le comité d’experts proposait, comme axe de recherche, la comparaison des aspects cliniques et éventuellement physiopathologiques de l’EHS d’une part, et de la SCM, de la fibromyalgie, des acouphènes idiopathiques d’autre part (Anses, 2018).Les critères diagnostiques de la conférence de consensus de 1999 de l’American Collège of Occupational and Environmental (American Academy of Allergy, Asthma and Immunology (AAAAI) Board of Directors, 1999) pointent les situations cliniques présentant des symptômes reproductibles avec les expositions :o de manière chronique ;o déclenchés par de faibles niveaux d’exposition ;o pour une même personne, à de nombreux composés sans relation chimiqueentre eux - carburants automobiles, - peintures, vernis, solvants, - insecticides, - détergents, eau de javel, lessives, - parfums, vernis à ongles, laque pour cheveux, - plastiques neufs, - fumée de cigarettes, - gaz d’échappement ;o s’améliorant ou disparaissant avec l’arrêt de l’exposition ;o touchant plusieurs sphères d’organes.Les cas pour lesquels une pathologie organique peut expliquer l’ensemble des symptômes sont exclus de cette définition. En pratique, le diagnostic est purement clinique, posé après élimination de diagnostics différentiels, les examens biologiques sont souvent normaux ou avec des anomalies non spécifiques, engendrant une errance médicale parfois de plusieurs années avant que le diagnostic ne soit posé. L’absence d’anomalies paracliniques spécifiques et donc de diagnostic formel complique l’estimation de la prévalence de cette pathologie. Les chiffres de prévalence varient beaucoup selon que l’on étudie les déclarations des patients etcelles des médecins. Ainsi, selon un rapport canadien paru en juin 2021 qui a compilé plus de 4 000 articles, « la prévalence de la SCM diagnostiquée par un médecin est de 0,5 à 3 % dans la population générale. La prévalence auto-déclarée est plus élevée mais elle varie grandement (de 7,5 à 32 % selon les enquêtes et les définitions utilisées) en raison de l’absence de critères normalisés pour la définition de cas et des différences marquées dans le libellé des questions clés des enquêtes qui ne font pas la distinction entre une simple aversion pour les odeurs chimiques et le syndrome de SCM. Ces enquêtes indiquent que les femmessont plus touchées que les hommes et que le niveau socioéconomique et culturel des personnes atteintes est de moyen à élevé » (INSPQ, 2021).Selon ce même rapport canadien, les différents mécanismes physiopathologiques à l’origine de ce syndrome sont envisagés : immunologique, neurologique, biologique, biochimique, génétique, psychiatrique, psychologique. Le rapport conclut que si ce syndrome ne vient pas d’une toxicité des produits, ni d’une hypersensibilité aux substances chimiques, il représente un enjeu de santé publique au regard de la gravité des symptômes ressentis par les personnes qui en sont atteintes avec des impacts sociaux et professionnels importants.Il n’existe pas en France de chiffres officiels sur la prévalence du syndrome de SCM. Les centres de consultation de pathologies professionnelles et environnementales (CCPPE) reçoivent des patients souffrant de cette affection et en avaient recensé 435 cas entre 2002 et 2010 (D. Dupas et al., 2013). En 2020, le CCPPE de Créteil a publié une étude sur une série de 85 patients vus entre 2013 et 2018. La moitié d’entre eux avaient des anomalies aux épreuves fonctionnelles respiratoires, 40 % avaient eu des arrêts de travail prolongé, 30 %avaient perdu leur emploi. Pour 40 %, le diagnostic avait été posé plus de 5 ans après le début des signes.[annule et remplace le Rapport d’avril 2023 ]< Réduire
Mots clés
Intolérance environnementale idiopathique
Sensibilité chimique multiple
RNV3P
IEI
SIOC
Mots clés en anglais
idiopathic environmental intolerance
MCS
multiple chemical sensibility
RNV3P
Unités de recherche