La naissance du renseignement étatique en France au XIXe siècle, entre bureaucratie et politique
Langue
FR
Article de revue
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Revue d’histoire du XIXe siècle. 2007 n° 35, p. 109-124
Résumé
Le renseignement est un objet historique peu considéré par les historiens sinon dans son acception purement militaire, en temps de guerre. Le propos de cet article est démontrer l'intérêt d'une étude du renseignement en ...Lire la suite >
Le renseignement est un objet historique peu considéré par les historiens sinon dans son acception purement militaire, en temps de guerre. Le propos de cet article est démontrer l'intérêt d'une étude du renseignement en temps de paix et considéré d'un point de vue global. Il apparaît alors que trois administrations régaliennes et trois corps de fonctionnaires (diplomates, policiers et officiers) ont joué un rôle central dans la mise en ?uvre au xixe siècle d'un renseignement étatique. De ce point de vue, le renseignement permet aussi de mener une autre histoire de l'État à l'heure où celui-ci se préoccupe de mieux connaître (développement des enquêtes sociales et de la statistique civile) et de mieux surveiller une société soumise à des transformations politiques et sociales majeures. Le renseignement étatique connaît au cours de ce siècle trois transformations majeures dont l'une des plus importantes est l'irruption, tardive, des officiers dans une activité monopolisée jusque-là par les diplomates et les policiers. Des règles de droit apparaissent également pour assurer la protection de « l'État secret » et dans une moindre mesure pour en permettre le fonctionnement. Enfin, à l'image d'autres administrations, les services de renseignements connaissent un processus de bureaucratisation débouchant sur la formation d'administrations secrètes. A l'heure de la mise en place de la démocratie libérale sacralisant le débat parlementaire et la protection des libertés fondamentales, subsiste dans les replis de l'État secret un dispositif de renseignement désormais principalement militaire et policier ayant acquis une forte autonomie au sein même de l'État républicain.< Réduire
Résumé en anglais
Intelligence has been rather neglected by historians in their studies, except as a military matter in wartime. The aim of the present paper is to demonstrate the interest of a study on intelligence in peace time, considered ...Lire la suite >
Intelligence has been rather neglected by historians in their studies, except as a military matter in wartime. The aim of the present paper is to demonstrate the interest of a study on intelligence in peace time, considered from a global point of view. During the 19th Century, three sovereign administrations, each holding its own officials bodies (diplomats, policemen, military officers), played a major part in building an information system devoted to the state itself. By studying the intelligence system, history could consider original aspects of the state functioning, particularly when the latter wants to know better political and social transformations (based on analyses of social enquiries and civilian statistics), and consequently exert a better surveillance on the society. During this century the state intelligence system experienced three important changes: the late involvement of military officers in some activities exerted before by police officers and diplomats; judicial rules enacted in order to protect the « secret state » and, to a lesser extent, to allow its activities; a process of bureaucracy, resulting as for other services, in the creation of specific secret administrations. When liberal democracy was settled, favouring at most the parliamentary debate and the protection of the fundamental liberties, there was persistence in the innermost recesses of the “secret state”, of an intelligence system, now mainly of a military and police nature, which has acquired a strong and real autonomy within the republican state.< Réduire
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