Octave Brière, un intellectuel jésuite dans la Shanghai des années 1940
Langue
fr
Communication dans un congrès avec actes
Ce document a été publié dans
Shanghai et la France : vie culturelle, production intellectuelle et imaginaire littéraire / 上海与法国:文化生活、知识生产与文学想象, 2022-04-16, Shanghai.
Résumé
Le Français Octave Brière, qui était né en 1907 et avait intégré la Compagnie de Jésus en janvier 1925, s’engagea dans la vie missionnaire à compter de l’été 1934, date à laquelle il mit les pieds pour la première fois en ...Lire la suite >
Le Français Octave Brière, qui était né en 1907 et avait intégré la Compagnie de Jésus en janvier 1925, s’engagea dans la vie missionnaire à compter de l’été 1934, date à laquelle il mit les pieds pour la première fois en Chine, pour n’en plus repartir jusqu’en 1953. C’est à Shanghai, à Zikawei, qu’il s’initia à la langue chinoise, à Zikawei qu’il fit sa théologie et fut ordonné prêtre en 1939, et à Zikawei encore qu’il enseigna le français : au Collège Saint Ignace d’abord, établissement qui se proposait « d’élever dans la piété et dans la science des lettres chinoises les enfants chrétiens », puis, à compter de 1947, à l’université L’Aurore, l’une des trois grandes institutions catholiques d’alors, avec l’université Furen de Pékin et l’Institut des Hautes Études Industrielles et Commerciales de Tianjin.Mais Brière, dans les années 1940, et c’est cela principalement qui nous importe ici, déploya parallèlement à sa charge d’enseignement une intense activité intellectuelle qui n’aura été qu’une autre des dimensions de son apostolat.Brière, en effet, tout comme Jean Monsterleet (1912-2001), un de ses coreligionnaires, et comme les scheutistes belges Henri Van Boven (1911-2003) et Joseph Schyns (1899-1979), fut de ceux qui s’intéressèrent à la littérature chinoise de leur époque, en des temps où celle-ci était dédaignée par la sinologie savante, laquelle n’avait d’yeux que pour les œuvres classiques. Une attention, toutefois, qui ne relevait pas foncièrement de la curiosité scientifique. Ce fut pour ces gens d’église une façon de se frayer un accès au cœur du peuple chinois, ce que Brière a exprimé en ces termes : « Pour connaître les idées qui font fortune dans la masse, pour tâter, dirions-nous, le pouls d’une nation, la littérature nous offre parfois un tableau plus fidèle que ses grands systèmes philosophiques. » Pour autant, si l’intention n’était pas foncièrement scientifique, en revanche les travaux produits souffrent, à bien des égards, la comparaison avec ceux des professionnels des études chinoises.Entre 1942 et 1949, Brière publia une série d’articles, confiés au Bulletin de l’université L’Aurore ou au China Missionary, la revue des missions catholiques en Chine, dont les premiers furent consacrés à différents écrivains — Ba Jin, Mao Dun, Su Xuelin, Hu Shi, Lu Xun, Guo Moruo et Lin Yutang —, et dont l’un se présente comme une courte synthèse destinée à dégager les « tendances dominantes de la littérature chinoise contemporaine ». Brière traita parallèlement de sujets plus théoriques, et parmi ceux de ses écrits qui s’y rapportent on retiendra surtout le très long essai, paru en 1949, « Les Courants philosophiques en Chine depuis 50 ans (1898-1950) », qui sera traduit en anglais en 1956 et réédité à trois reprises, et dans lequel son auteur brosse un tableau d’un demi-siècle de pensée chinoise dont certains spécialistes considèrent, aujourd’hui encore, qu’il n’a rien perdu de sa valeur.Peu avant la fondation de la République populaire, d’autres préoccupations, commandées par la situation du moment, inclinèrent Brière à sa tourner vers l’analyse du marxisme et du communisme chinois, dans une perspective dont on se doute qu’elle était très critique.Expulsé de Chine en 1953, Brière gagna Hong Kong avant d’aller s’installer à Taiwan, où il est mort en 1978. Il se dédia alors notamment à des travaux linguistiques et collabora à l’entreprise qui déboucha finalement, un demi-siècle plus tard, sur le Grand Dictionnaire Ricci de la langue chinoise.< Réduire
Mots clés
Bureau sinologique de Zikawei
Université L’Aurore
Octave Brière
Mots clés en anglais
Sinological Office of Zikawei
Aurora University
Octave Brière
Origine
Importé de halUnités de recherche