Conférence de François Jullien sur le projet scientifique de l'UMR Passages : reconfiguration des spatialités et changements globaux.

Abstract

François Jullien est un philosophe helléniste et sinologue, normalien, ayant vécu à Pékin, Shanghaï, Hong-Kong, Tokyo. Il a commencé par étudier les philosophes grecques avant de faire détour par la Chine. Il y conçoit son projet philosophique qui doit mettre à jour les impensées de la pensée européenne. C’est un des philosophes les plus traduit dans le monde. Professeur à Paris Diderot, il est titulaire de la chaire d’altérité à la Maison des sciences de l’homme. Ses concepts et sa pensée sont particulièrement mobilisés par la psychanalyse, l’art et le management. Il intervenait à Passages pour discuter des reconfigurations spatiales et les changements globaux qui constituent le cœur du projet scientifique de ce laboratoire.Il y a des choses qui échappent à la prise ontologique, à l’assignation. Comment interroger, comment parler de ce qui n’a pas de statut d’essence, de détermination, de substance, d’assignation ? Qu’est-ce qui est de notre expérience et qui ne se laisse pas saisir par l’ontologie, tel que l‘atmosphère, l’ambiance, l’air, l’allusif, l’évasif, la prégnance… ? François Jullien propose une pensée de « l’entre », de « l’écart », « l’entre » étant ce qu’on n’a pas pensé dans la pensée occidentale, ce qui échappe à la prise ontologique. Et pourtant, dit-il, c’est là où ça se passe, où ça opère. Contrairement à la différence, qui est aussi une séparation, l’écart n’évacue pas l’autre qui reste impliqué, il le garde en regard. Dans son ouvrage L’écart et l’entre (2012), sur la 4e de couverture, on lit : « l’écart est fécond en ce qu’il est exploratoire, aventureux, et met en tension ce qu’il a séparé ». François Jullien a conclu en se demandant comment faire rentrer l’insaisissable dans le domaine du savoir, par quelle approche, quelle modalité, avec quels outils, qui ne relèveraient pas du scientifique, du savoir classique, mais qui tiendraient compte de l’émotionnel, du processuel etc. Comment sortir de la pensée de l’être dans les termes de l’être ?"