« Détruire les « prises sensibles » : Secteur hydrocarbure et expériences du monde dans le gisement de Vaca Muerta, Argentine »
Idioma
fr
Communication dans un congrès
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Questionner l'effondrement, 2019-11-21, Lille.
Resumen en inglés
En 2011, l’Energy Information Administration (EIA) des États-Unis publiait un rapport propulsant le gisement d’hydrocarbures non conventionnels argentin de Vaca Muerta, dans la province de Neuquén, parmi les prospects les ...Leer más >
En 2011, l’Energy Information Administration (EIA) des États-Unis publiait un rapport propulsant le gisement d’hydrocarbures non conventionnels argentin de Vaca Muerta, dans la province de Neuquén, parmi les prospects les plus importants de la planète. Rapidement, les grandes majors du secteur (Chevron, Shell, Total) mais aussi les compagnies nationale (YPF) et provinciale (GyP) se sont emparées des concessions les plus prometteuses. Avec les premières perforations non conventionnelles, une protestation sociale s’est graduellement articulée autour d’une défense de l’eau comme bien commun (APCA 2013), en critiquant les dérives de l’industrie extractive (Svampa et Viale 2014; Bednik 2016) ou encore en profitant du maillage protestataire qui remonte aux décennies des ajustements structurels (1980-1990) et identifié dans la région comme contra-cultura de la protesta (CCP) (Petruccelli 2017). Cette communication prétend attirer l’attention sur un « effondrement » en cours, à savoir les conséquences que fait peser ce déploiement extractiviste non pas seulement sur les sujets ou les objets, mais bien sur les relations qui permettent aux uns et aux autres de participer d’une même relation au monde. Elle se propose d’analyser les narratives de l’« effondrement » non seulement comme un discours sur la destruction matérielle de l’environnement, mais aussi comme des témoignages sur la dépossession affective, émotionnelle et sensible que subissent les militants opposés à ces industries et les habitants peuplant la surface de ces gisements.Bien que son acception ait évolué, la notion de « prise » (Bessy et Chateauraynaud 2014; Chateauraynaud 1999, 2006; Chateauraynaud et Debaz 2017) repose sur l’existence d’un espace de calcul, d’un réseau, de matériaux et de dispositifs sensoriels par lesquels s’élaborent des sensibilités attentives et vigilantes aux transformations qui surviennent dans un environnement. En outre, elle contient une idée de réciprocité : on a prise sur quelqu’un ou quelque chose dans la mesure où cet Autre offre une prise. La « sensibilité », quant à elle, sera définie comme une forme consolidée d’une expérience positive du monde, différente en cela de l’habitus bourdieusien (Bourdieu 1996) et beaucoup plus proche de la résonance d’Hartmut Rosa (Rosa 2018). De cette façon, diverses expériences sensibles (allant de la baignade à la douceur de l’ombre) seront analysées sur un pied d’égalité en raison de la « prise » sur le monde qu’elles offrent. Ce sont justement ces « prises sensibles » qui sont éprouvées par les industries hydrocarbures. Mais, mises à mal, endommagées, voire même détruites par les pétrolières, elles sont parfois remplacées par des « prises-hydrocarbures » – mêlant imaginaire prométhéen de la Modernité, civilisation de l’automobile (Gorz 2008) et virilité comme éthos de vie (Palermo 2017) – qui relèvent, elles, de l’expérience des ouvriers des plateformes, des aspirants pétroliers ou encore du petit horticulteur. À partir d’un travail de terrain – consistant en des entretiens semi-directifs, des observations in situ ainsi que des « toxytour » – réalisé en deux temps (en 2018 et 2019) dans les zones affectées par le déploiement des pétrolières, mais aussi de la consultation de productions militantes, il s’agira de préciser cette idée de destruction et de transformation des « prises sensibles ».< Leer menos
Palabras clave
effondrement
Vaca Muerta
mobilisation sociale
écologie politique
hydrocarbure
Orígen
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