Des femmes sous surveillances ministérielles
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Communication dans un congrès avec actes
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14e Congrès de l’AFSP, Session thématique 53 : Questions de Genre. Entre Etats et Religions, 2017-07-10, Montpellier.
Resumen
Cet article se penche sur la surveillance du culte dans un moment de crise politique – de l’Affaire Dreyfus à celle des Fiches – et de définition des contours de la laïcité. Au lendemain du Second Empire, la question de ...Leer más >
Cet article se penche sur la surveillance du culte dans un moment de crise politique – de l’Affaire Dreyfus à celle des Fiches – et de définition des contours de la laïcité. Au lendemain du Second Empire, la question de l’avenir de la police politique, « celle qui fait honte aux autres », est rapidement évacuée par les républicains qui arrivent au pouvoir. Le mouvement ouvrier et les actions violentes des anarchistes européens dirigent le regard de l’État vers ces figures de l’ennemi de l’ordre républicain. Les gouvernements radicaux s’affrontent aussi avec les nationalistes et des catholiques lorsqu’ils s’engagent dans la mise en place d’un régime de laïcité dont la loi de 1905 sur la séparation est l’aboutissement. Alliés du régime impérial, les catholiques deviennent des menaces pour l’ordre républicain : suspects d’allégeance à une puissance étrangère, le Vatican ; hostiles à un ordre politique libéral ; pourfendeur de l’égalité sociale. Parmi eux, les jésuites sont le fer de lance du péril noir. Parallèlement, le nouveau régime se dote d’un dispositif modernisé de la surveillance policière. La réorganisation concomitante des services de police au sein de l’administration centrale et au sein de la Préfecture de police de Paris témoigne de ce souci croissant de surveiller pour mieux contrôler les groupes religieux pouvant porter atteinte à l’ordre républicain. L’ « affaire des fiches » – qui éclate en août 1904 par la publication dans le Figaro de documents indiquant l’existence d’un système de surveillance des officiers catholiques dans l’armée et provoque la chute du ministère Combes – accélère la mise sur agenda de la séparation. Mais parce que cette politisation des questions religieuses amène l’intervention dans le champ politique des femmes, jusqu’alors exclues ou minorisés, la menace religieuse prend peu à peu une nouvelle figure. En effet, une fois les jésuites mis hors d’état d’influencer les consciences des futurs citoyens par le décret du 29 mars 1880 et le « phénomène congréganiste » conjuré par la loi de 1901, le péril clérical fait place à la suspicion des laïcs et, en particulier, des laïques qui s’organisent en ligues féminines en se saisissant de la loi sur les associations (1901). Pour l’ordre républicain, s’institue alors un ennemi d’un nouveau genre : parce qu’il s’agit de femmes, qui sont en tant que telles exclues de la citoyenneté politique ; qui plus est de femmes qui, par leur position sociale et positionnement politique (elle appartiennent à la grande bourgeoisie et l’aristocratie catholiques) se distinguent des ennemis habituels de la République. A cette époque, qui est aussi celle où la République prend la forme d’un empire colonial, l’État se garde bien d’intervenir dans les affaires religieuses dans les territoires colonisés. En particulier, le sort des épouses sujet françaises de statut musulman ou coutumier, est défini par les cadis et les juges coutumiers pour tout ce qui relève des affaires « privées ». Elles échappent donc, dans une certaine mesure, à la surveillance ministérielle républicaine.Partant de ces constats, cet article se donne pour objet de comprendre la manière dont l’Etat a appréhendé les militantes catholiques dès lors qu’elles se trouvent constituées en menaces pour l’ordre politique et social républicain. Il s’appuie sur un dépouillement de différents fonds d’archives. La série F7 « Police générale » du Ministère de l’Intérieur, les fonds de la série F19 « administration du Culte » (direction des Cultes, devenu Bureau central des cultes du Ministère de l’Intérieur en 1911), et ceux de la Préfecture de police de Paris. Il est complété par les archives secrètes vaticanes relatives à la surveillance intra-ecclésiale : le fonds des Affaires ecclésiastiques extraordinaires et celui de la secrétairerie d’État, sont complétés par le fonds du cardinal Begnini, instigateur d’un réseau de surveillance intra-ecclésial, la Sapinière (Poulat, 1965). Les archives coloniales ont été sondées et n’ont pas, à ce jour offert de documents relatifs à la surveillance politique des femmes en raison de leur confession.Précisant les contours de ce « nouvel ennemi » de la République, il s’agira d’abord de rendre compte du caractère profondément genré de l’appréhension du péril clérical par les agents de l’État, ainsi que ses effets sur la définition des frontières de la citoyenneté. Il s’agira ensuite d’analyser comment ces représentations guident un ensemble de dispositifs et de technique de surveillance susceptibles de révéler des divergences au sein même de l’appareil d’État et de la police sur la manière d’appréhender ces femmes. Enfin, l’étude de ces dispositifs étatiques, mis en regard de l’organisation intra-ecclésiale de contrôle de l’orthodoxie et l’orthopraxie des fidèles de sexe féminin, amène à complexifier la métaphore de la « guerre religieuse ». Celle-ci vient, en effet, souligner les convergences des institutions religieuse et étatique quant à la surveillance des reléguées de l’ordre politique et symbolique. On montrera ainsi comment, sous le régime de séparation sont actualisés des dispositifs de surveillance ministérielle, étatique et cultuelle, qui prennent pour cible des femmes suspectes de troubler l’ordre républicain et l’ordre religieux.< Leer menos
Palabras clave
police
surveillance
femmes
ordre politique
État
religion
France
militantes catholiques
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