Apport des techniques d'imagerie dans l'identification et la caractérisation des pratiques de modifications artificielles du crâne dans les populations du Centre-Ouest de la Mésoamérique
Langue
fr
Thèses de doctorat
Date de soutenance
2019-12-19Spécialité
Anthropologie biologique
École doctorale
École doctorale Sciences et Environnements (Pessac, Gironde)Résumé
Les modifications artificielles du crâne désignent les pratiques par lesquelles un(e) praticien(ne) modifie le crâne d’un nourrisson à la naissance par massage ou apposition d’un appareil céphalique indépendant ou associé ...Lire la suite >
Les modifications artificielles du crâne désignent les pratiques par lesquelles un(e) praticien(ne) modifie le crâne d’un nourrisson à la naissance par massage ou apposition d’un appareil céphalique indépendant ou associé à un berceau. Ces pratiques avaient pour but d’intervenir sur la forme physiologique d’un crâne afin de le transformer et le modeler selon une convenance. L’importance de la diversité des formes témoigne directement des différences de techniques employées au cours de ce processus culturel. En Mésoamérique, ces techniques montrent une diversité de formes particulièrement importante, interprétable à la lumière de la mosaïque de cultures qui y foisonnèrent. Au sein de cette aire culturelle, le Centre-Ouest mésoaméricain ne fait pas exception et montre également nombre d’occurrences attestant leur emploi. Certains indices laissent présager que leur expression pouvait être sous-tendue par la volonté d’apposer l’identité culturelle d’un groupe à l’individu qui en serait le porteur. Puisque transcrivant vraisemblablement cette appartenance, leur identification et leur caractérisation constituent un enjeu de taille dans le contexte de l’archéologie de la région, mais aussi à plus large échelle (i.e., celle des Amériques). Toutefois, au cours de la période postclassique (900 – 1500 apr. J.-C.) et en lien probable avec un phénomène migratoire d’importance, de nouveaux types de pratiques semblent voir le jour et se caractérisent par des formes plus discrètes, difficilement discernables de la variation physiologique « naturelle ». Les doutes quant à la réalité de l’existence de ces formes traduisent les limites dont peuvent souffrir les méthodes traditionnelles d’identification et de différentiation des pratiques de modifications artificielles crâniennes. Le recours à des méthodes de morphométrie tridimensionnelle, employées sur des données obtenues par scanner de surface et tomodensitométrie, offre la possibilité de palier certai nes limites inhérentes aux systèmes de classification morphoscopiques traditionnellement utilisés. En combinant des méthodes d’analyse de la forme du crâne, de la distribution d’épaisseur de la voûte et de la covariation de ces paramètres par morphométrie géométrique, nous avons pu confirmer l’existence de formes de modifications a minima à la période postclassique, et mettre en évidence leur nature variée. L’obtention de ces formes répond certainement à d’autres intentions que celle d’apposer une identité visuelle sur le crâne d’un individu. Par ailleurs, la quantification fine des différences chez des individus appartenant non seulement à la période postclassique, mais aussi aux périodes préclassiques (600 av. J.-C. – 300 apr. J.-C.) et classiques/épiclassiques (300 – 900 apr. J.-C.), a permis de mesurer la variabilité de ces formes, dont les différences de degrés de standardisation peuvent traduire la diversité des techniques utilisées pour leur obtention ; techniques qui avaient pourtant été considérées comme homogènes sur la base des systèmes traditionnels de classification. Enfin, ce travail ouvre la voie à une approche intégrée combinant analyses morphoscopiques et morphométriques afin de faciliter la reconnaissance et la différenciation de ces pratiques répandues dans de nombreuses populations, et ce y compris pour des crânes dont l’intégrité osseuse a été altérée taphonomiquement.< Réduire
Résumé en anglais
Artificial cranial modifications is the practice of transforming the skull of a newborn via daily massages or the implementation of a cephalic device independent of or associated to a cradle. These practices were performed ...Lire la suite >
Artificial cranial modifications is the practice of transforming the skull of a newborn via daily massages or the implementation of a cephalic device independent of or associated to a cradle. These practices were performed in order to shape or mold the skull in a specific way. The variation in resulting forms directly relates to the differences in the utilized techniques. In West Mesoamerica, where the diversity of these practices has been evaluated, some studies suggest a relationship between types of modifications and ethnic identity. Therefore, identifying and differentiating artificial cranial modifications is a major concern for the regional archaeology. However, it is presumed that along the Postclassic period (900 – 1500 AD), more subtle variants of artificial cranial modifications were used. The visual examination systems traditionally employed to identify and characterize artificial cranial modifications fail to provide a clear cut-off between these forms and the physiological “natural” variation. The quantification of fine variations between individuals addressed by 3D morphometrics analyses (i.e., geometric morphometrics and the study of the cranial vault thickness) using images obtained via surface laser scanning and computed tomography procedures are likely to overcome the limits of the traditional classificatory systems. In this work, we have demonstrated the efficiency of fine shape changes quantification in evidencing and differentiating mild forms of artificial cranial modification from the Postclassic period. The form trends found in this study suggest they may relate to cultural considerations other than a visual statement of an identity. Furthermore, analyses of shape changes, cranial vault thickness arrangement and their covariation have also been performed among individuals from the Preclassic (600 BC – 300 AD), Classic/Epiclassic (300 – 900 AD) and Postclassic periods. We have shown high amounts of variation wit hin certain artificial cranial modification variants identified visually, which suggest they may result from different technical processes. Finally, the integrated approach combining visual examination and morphometrics has provided valuable information for the recognition and differentiation of the widespread practices of artificial cranial modifications, including when the bone preservation is poor.< Réduire
Mots clés
Anthropologie biologique
Bioarchéologie
Modifications artificielles du crâne
Morphométrie géométrique 3D
Epaisseur de la voûte crânienne
Mots clés en anglais
Biological Anthropology.
Artificial Cranial Modification
Bioarchaeology,
3D Geometric morphometrics
Cranial Vault Thickness
Origine
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