Le tournant des indépendances en Afrique s'est fréquemment traduit par une rupture en terme de pratiques et d'accès à la ville pour les citadins dans le cadre de la mise en place de régimes autoritaires.A Zanzibar, la révolution puis la mise en place de la République Populaire de Zanzibar et son incorporation à la République Unie de Tanzanie se traduisent, en quelques années, par le surgissement d'une violence inédite privant les habitants de leurs vies citadines et la capitale de son rôle de pivot international. Assassinats et disparitions, viols, démolition et confiscation des logements, rationnements conduisent de nombreux citadins à s'enfuir à l'étranger. Aujourd'hui, on assiste au retour d'une partie des membres de la diaspora post-révolutionnnaire zanzibarie dont les routes, les rythmes et les objets invitent à interroger une dialectique encore peu traitée aujourd'hui, celle des citadinités empêchées mais en reconquête dans le cadre des retours d'exil. Cette proposition suggère d'élargir le débat sur le droit à la ville à l'analyse du rôle des nouvelles pratiques que ces citadins « absents » en cours de ré-appropriation des lieux développent aux côtés de ceux qui sont restés, dans la recomposition des pratiques, des mémoires et des discours citadins et nationalistes. Cette « (re)-prise » de la ville passerait par une ré-appropriation des lieux de sociabilités, par une remise en circulation des mémoires citadines de la violence contestant le paysage mémoriel institutionnalisé, par un retour de cosmopolitisme et la ré-insertion de la ville de Zanzibar dans les communautés et réseaux transnationaux qui avaient autrefois façonnés sa position de pivot international.< Réduire