Fans & gender studies: introduction
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Chapitre d'ouvrage
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Fan studies gender studies: la rencontre, Fan studies gender studies: la rencontre. 2017
Téraèdre
Résumé
Marginalisés jusqu’aux travaux pionniers de Henry Jenkins, Lisa Lewis ou encore Camille Bacon-Smith (1992), les fans ont aujourd’hui acquis une reconnaissance et une légitimité scientifiques inédites. Toutefois, si dans ...Lire la suite >
Marginalisés jusqu’aux travaux pionniers de Henry Jenkins, Lisa Lewis ou encore Camille Bacon-Smith (1992), les fans ont aujourd’hui acquis une reconnaissance et une légitimité scientifiques inédites. Toutefois, si dans la lignée de ces premières recherches, les universitaires ont lutté contre les stigmates qui pesaient généralement sur les fans (Hills, 2002), ce sont surtout les transformations à la fois médiatiques, économiques et sociales de ces vingt dernières années qui en ont fait un objet d’étude plus acceptable. De cette façon, les recherches récentes, aux États-Unis ou dans une moindre mesure en France, insistent beaucoup sur l’impact qu’ont eu les nouvelles technologies sur les pratiques des fans, lorsqu’elles ont donné à ces derniers de nouveaux moyens pour se rassembler, s’organiser ou s’exprimer (Baym, 2000 ; Booth, 2010) : plus accessibles et plus visibles grâce au numérique, les activités des fans sont devenues plus familières, et l’appellation de « fan », même si les définitions en sont multiples, a commencé à être plus largement revendiquée.nCette nouvelle place conquise par les fans a justement contribué à leur intégration dans les études sur l’essor des pratiques culturelles amateurs (Flichy, 2010) ou sur les évolutions du travail et de la consommation (Dujarier, 2008 ; Hein, 2011). Mais elle a surtout réaffirmé la nécessité d’analyser ces publics (et éventuellement contre-publics médiatiques), en mettant en évidence les médiations et résistances culturelles qu’ils représentent, comme les compétences technologiques, informationnelles ou sociales qu’ils développent.Les analyses dont font l’objet les fans ne proviennent donc plus seulement d’approches inspirées des cultural studies anglo-saxonnes qui avaient vu dans les phénomènes « fans » l’exemple ultime d’un public actif et producteur, à l’image d’un Jenkins pour qui « les fans de médias sont des consommateurs qui produisent, des lecteurs qui écrivent et des spectateurs qui participent » (Jenkins, 2008 : 212).Bien que ces analyses restent dominantes, les fan studies sont aujourd’hui un domaine de recherche dynamique, qui se nourrit des apports de multiples disciplines (sciences de l’information et de la communication, media studies, sociologie, littérature, narratologie, droit, etc.) et qui n’hésitent pas à s’ouvrir vers de nouveaux croisements théoriques (Le Guern, 2009 ; Duffet, 2013).Ainsi, les pratiques de fans ne sont pas uniquement un lieu de créativité et de célébration de tel ou tel contenu médiatique : elles représentent également des formes de performance et d’engagement pour les individus, au travers de pratiques sociales et culturelles. L’investissement dans un « fandom »– entendu comme groupe et comme ensemble de pratiques – prend une place parfois conséquente dans l’existence des individus, d’autant qu’elle est rarement solitaire et qu’elle conduit à différentes formes de sociabilités, en ligne et hors ligne, où le fan prend le risque de s’exposer face à autrui. Dans ce cadre, la réception n’est donc plus seulement assimilable à la consommation d'un produit culturel, mais contribue aussi à un processus de construction identitaire qui repose sur un investissement personnel et émotionnel, entre acceptation et (parfois) refus des normes liées au contenu apprécié et au(x) fandom(s) qu’il suscite. Les fans explorent et questionnent les messages et les idéologies de la culture de masse, à commencer par ses enjeux genrés – la façon dont les séries télévisées, les chansons de variété ou bien les comics représentent les hommes, les femmes, les LGBT, etc., soulèvent en effet fréquemment des polémiques –, mais ils se confrontent donc aussi directement aux problématiques de genre dans leurs pratiques quotidiennes : certains artistes ou séries ont en effet engendré des fandoms plutôt masculins ou plutôt féminins ; de même, certaines activités créatives semblent plutôt spécifiques à un genre, voire à une certaine identité sexuelle (Hellekson & Busse, 2006 ; Le Guern, 2007). Dès lors, de quelle manière toutes ces formes d’expressivité au cœur des fandoms travaillent-elles le genre, tout en mettant en lumière les caractéristiques et les représentations genrées des fans ?< Réduire
Mots clés
fans
genre
Origine
Importé de halUnités de recherche