L’en-deçà de l’Anthropocène, le Capitalocène
BÉRAUD, Philippe
Département Systèmes Réseaux, Cybersécurité et Droit du numérique [IMT Atlantique - SRCD]
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BÉRAUD, Philippe
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Langue
fr
Article de revue
Ce document a été publié dans
Etudes digitales. 2020, vol. 2020-1, n° 9, p. 43-52
Classiques Garnier
Résumé
Depuis quelques années déjà la perspective ouverte par les études digitales, autour d’un nouveau paradigme de la connaissance, tente justement de revenir sur le grand partage (Nature/Artefact), en tant qu’analyse de la ...Lire la suite >
Depuis quelques années déjà la perspective ouverte par les études digitales, autour d’un nouveau paradigme de la connaissance, tente justement de revenir sur le grand partage (Nature/Artefact), en tant qu’analyse de la production des êtres humains et de leurs institutions sociales à travers la technique, ainsi que celle des diverses manières d’être des hommes, générées par les différentes techniques. Les travaux dans la perspective des études digitales rassemblent des discours scientifiques, philosophiques, économiques, mais aussi écologiques. Au carrefour d’une théorie critique réinventée par les sciences sociales, la psychologie sociale, la sociologie des médias et l’anthropologie culturelle, les études digitales visent à devenir une troisième culture comprise, à l’époque du net, comme une synthèse des Sciences, des Arts et des Humanités, en se penchant sur « cette matrice commune dans laquelle se fabriquent et s’éprouvent l’ordre social, l’ordre naturel et l’ordre technique ».Le contenu du numéro de la revue et l’objet de cet article consistent à s’inscrire dans cette brèche, afin d’explorer les différentes acceptions et implications du concept de Capitalocène, dans un contexte où le paradigme digital tend à s’ériger comme le maître d’œuvre des transformations des sociétés, des économies et de l’environnement planétaire. Cette proposition ne cherche pas à s’ériger en nouvel évolutionnisme, non plus qu’à imposer un déterminisme qui ferait d’un concept historiquement construit la règle d’organisation absolue des structures économiques, sociales et environnementales. A l’inverse, ce concept interroge davantage qu’il ne prétend résoudre, l’énigme des dysfonctionnements de l’activité et des externalités négatives sur son environnement. Il s’affirme comme un questionnement critique sur les liens entre économie et écologie, en remettant en cause les analyses économiques qui intègrent l’écologie dans des arbitrages et des calculs d’opportunité, dont le marché des droits à polluer constitue une illustration. Mais il cherche également à dépasser les approches quelquefois un peu simplistes qui font du principe polysémique de décroissance l’enjeu d’une forme d’écologie politique. Le Capitalocène incarne bien plutôt la cristallisation des rapports de forces économiques autour de la captation des ressources naturelles et des capacités humaines et sociales, avec pour enjeu ce que Félix Guattari avait appelé l’extraction d’une « plus-value machinique », expression dont le sens n’a rien perdu de son actualité.< Réduire
Résumé en anglais
For some years now, the perspective opened up by digital studies, around a new paradigm of knowledge, has been trying to return to the great sharing (Nature/Artefact), as an analysis of the production of human beings and ...Lire la suite >
For some years now, the perspective opened up by digital studies, around a new paradigm of knowledge, has been trying to return to the great sharing (Nature/Artefact), as an analysis of the production of human beings and their social institutions through technology, as well as that of the various ways of being of men, generated by the different techniques. The work in the perspective of digital studies brings together scientific, philosophical, economic and also ecological discourses. At the crossroads of a critical theory reinvented by the social sciences, social psychology, media sociology and cultural anthropology, digital studies aims to become a third culture understood, in the age of the Internet, as a synthesis of the Sciences, Arts and Humanities, by focusing on "this common matrix in which the social order, the natural order and the technical order are made and experienced".The content of this issue of the journal and the purpose of this article consist in being part of this gap, in order to explore the different meanings and implications of the concept of Capitalocene, in a context where the digital paradigm tends to set itself up as the mastermind of the transformations of societies, economies and the planetary environment. This proposal does not seek to set itself up as a new evolutionism, nor does it seek to impose a determinism that would make a historically constructed concept the rule of absolute organization of economic, social and environmental structures. On the contrary, this concept questions more than it claims to solve, the enigma of the dysfunctions of the activity and the negative externalities on its environment. It asserts itself as a critical questioning of the links between economy and ecology, questioning the economic analyses that integrate ecology into trade-offs and calculations of opportunity, of which the pollution rights market or carbon market is an illustration. But it also seeks to go beyond the sometimes somewhat simplistic approaches that make the polysemic principle of degrowth the stake of a form of political ecology. Rather, Capitalocene embodies the crystallisation of economic power relations around the capture of natural resources and human and social capacities, with what Felix Guattari called the extraction of " machinic surplus value ", an expression whose meaning has lost none of its topicality.< Réduire
Mots clés
Capitalocène
externalités négatives
économie et écologie
plus-value machinique
Capitalocène
Mots clés en anglais
Capitalocene
negative externalities
economy and ecology
machinic surplus value
Capitalocene
Origine
Importé de halUnités de recherche