La non-émergence économique de l'Algérie (2000-2023). Les blocages de l'accumulation capitaliste sous l'angle des rapports entre élites économiques et élites politiques
Langue
fr
Thèses de doctorat
École doctorale
Sociétés, Politique, Santé PubliqueRésumé
Dans le cadre de la présente recherche, nous proposons d’expliciter les facteurs sociopolitiques qui font obstacle à l’émergence économique de l’Algérie au cours de la période récente et ce, malgré les velléités ...Lire la suite >
Dans le cadre de la présente recherche, nous proposons d’expliciter les facteurs sociopolitiques qui font obstacle à l’émergence économique de l’Algérie au cours de la période récente et ce, malgré les velléités développementalistes du pouvoir politique. Notre thèse met en lumière les tensions et contradictions dans lesquelles se débat le pouvoir politique depuis la fin de la guerre civile (fin des années 1990) avec d’un côté le déploiement de politiques publiques en vue de la transition vers une économie productive et de l’autre le maintien de structures institutionnelles et d’orientations économiques qui entravent l’essor de la classe des industriels. Le régime algérien semble animé par la tendance profonde et contradictoire de rechercher un développement économique sans créer les conditions de l’essor du secteur privé, en somme de vouloir édifier un capitalisme dynamique sans la formation d’une puissante classe capitaliste. Si les théories de l'économie politique sont précieuses pour saisir certains ressorts de l'émergence ou de la non-émergence économique dans les pays du Sud, cette recherche défend l'hypothèse que les déterminants essentiels de la réussite ou de l’échec de l’industrialisation tardive se situent dans le champ sociopolitique, plus précisément dans la configuration des rapports entre la classe dirigeante et les classes possédantes. Notre objet de recherche – les rapports de l’Etat au patronat – est traité au moyen d’une méthodologie qualitative : une soixantaine d’entretiens avec des patrons (dirigeants de grands groupes et patrons de PME), des dirigeants d’entreprise publique ainsi que des directeurs d’administration ; collecte d’un ensemble de données issues de l’exploitation d’articles de presse, de textes juridiques et de statistiques produites par les grandes institutions internationales Il ressort ainsi du croisement de nos analyses théoriques et de notre enquête empirique que les conditions sociopolitiques qui ont assuré les succès industriels du Sud, à savoir des rapports de collaboration si ce n’est d’intégration entre les sphères dirigeantes et les milieux industriels, ne sont pas réunies dans le cas algérien. Jusqu’à présent, l’Algérie n’a affiché aucun signe probant de cristallisation d’une telle alliance développementale au sein de la coalition au pouvoir. Bien au contraire, des intérêts économiques et politiques difficilement conciliables entre les factions au pouvoir et les patrons, qui parfois peuvent se muer en antagonisme, dessinent sur le long terme une tendance structurelle à la segmentation de ces deux types d’élite. Ce processus de fracturation inter-élitaire entrave l’accumulation capitaliste, enferme le pays dans le cercle de la stationnarité économique et surtout obère les chances futures d’un développement de type asiatique, c’est-à-dire d’une industrialisation impulsée par le haut, par l’Etat. Se manifeste pourtant une dynamique d'émergence par le bas de la société à l’œuvre dans les secteurs productifs de l’économie et poussant à des transformations à bas bruit des structures économiques et sociales. Mais, comme les institutions politiques et administratives entravent l’essor des forces sociales de changement, l’Algérie se trouve à n’en pas douter dans une conjoncture historique dont l’issue politique demeure largement incertaine : soit une reproduction des rapports sociaux, politiques, institutionnels existants et la perpétuation du marasme économique, soit une organisation et une mobilisation populaires qui forcent la coalition dominante à un réel projet développementaliste.< Réduire
Résumé en anglais
In this research, we propose to clarify the socio-political factors that have hindered Algeria's economic emergence in recent times, despite the developmentalist ambitions of the political authorities. This thesis highlights ...Lire la suite >
In this research, we propose to clarify the socio-political factors that have hindered Algeria's economic emergence in recent times, despite the developmentalist ambitions of the political authorities. This thesis highlights the tensions and contradictions in which political power has been struggling since the end of the civil war (late 1990s), by, on the one hand, deploying public policies aimed at transitioning towards a productive economy and, on the other, maintaining institutional structures and economic orientations that jeopardize the rise of the industrial class. The Algerian regime seems to be driven by the deep-rooted and contradictory tendency to seek economic development without creating the conditions for the private sector to flourish; in a nutshell, it wants to build a dynamic capitalism without the formation of a powerful capitalist class. While political economy theories are of great value in understanding some of the forces behind economic emergence or non-emergence in the South, this research promotes the hypothesis that the essential factors determining the success or failure of late industrialisation are to be found in the socio-political sphere, and more specifically in the configuration of relations between the ruling class and the owning classes. Our research topic - the relationship between the State and entrepreneurs - is addressed using a qualitative methodology: around sixty interviews with private entrepreneurs (heads of large groups and SME owners), public company leaders and administration directors; collection of a set of data from the analysis of press articles, legal publications and statistics produced by major international institutions. The combination of our theoretical analyses and our empirical investigation shows that the socio-political conditions which have ensured the industrial successes of the South, namely collaborative, if not integrated, relationships between the higher spheres of government and the industrial sector, are not met in in the Algerian case. To date, Algeria has shown no evidence of such a developmental alliance crystallising within the ruling coalition. On the contrary, economic and political interests that are difficult to reconcile between the factions in power and the business leaders, which can sometimes turn into antagonism, are shaping a long-term structural tendency towards the separation of these two types of elites. This process of inter-elite fragmentation hampers capitalist accumulation, traps the country in a circle of economic stagnation, and most importantly, reduces heavily the future possibilities of an Asian-style development, meaning an industrialization driven from the top by the State. However, there is a bottom-up emergence dynamic at work in the productive sectors of the economy, triggering low-key transformations of economic and social structures. But, as political and administrative institutions undermine the rise of social forces for change, Algeria undoubtedly finds itself in historical circumstances whose political outcome remains largely uncertain: either a reproduction of existing social, political and institutional structures and the continuation of the economic stagnation, or popular organisation and mobilisation that forces the ruling coalition to adopt a genuine developmentalist project.< Réduire
Mots clés
Algérie
Industrialisation
Etat
Coalition dominante
Entrepreneurs
Politiques publiques
Mots clés en anglais
Algeria
Industrialization
State
Dominant coalition
Entrepreneurs
Public policies
Origine
Importé de hal