Des îles charentaises au sud des Landes : les formes du littoral dans les films français contemporains de fiction

Abstract

Cette thèse aborde la question des formes que prend une partie du littoral néo-aquitain dans certaines œuvres de fiction, en opérant selon trois perspectives différentes, autonomes et complémentaires. Dans un premier temps, il s’agit d’étudier la mise en scène de l’espace diégétique. Cette approche considère, entre autres, la puissance de l’instance monstratrice du cinéma en la liant à la question du point de vue, nous obligeant à penser l’image filmique dans tout ce qu’elle a de construit. Des imaginaires multiples se révèlent alors, nous laissant entrevoir une diversité de formes et donc d’effets narratifs. Nous proposons ensuite des analyses détaillées de quelques films dans lesquels les formes du littoral nous obligent à considérer l’emprise de celui-ci sur le récit et les personnages, revenant systématiquement à cette première question : que se passe-t-il ici et maintenant ? Dans un élan phénoménologique, primauté est rendue à la perception du corps et au questionnement du geste pris dans une relation spatiale. En effet, l’espace offre au corps plusieurs formes possibles d’être au monde ; ce dernier, dans sa mobilité, opère une sélection parmi ces multiples et renseigne alors, en la rendant effective, sur une de ces potentialités spatiales. Mais si le corps se déplace, les choses de l’espace aussi sont mobiles et leur rythme se juxtapose en une co-présence avec la temporalité du personnage. Or, pour penser cette « ligne du temps » du littoral dans un film, il faut prendre en compte la temporalité de l’objet film qui, elle, se décline en durée qui ne dure pas, qui toujours finit. Comment alors rendre compte, par exemple, de cette particularité qu’est l’assèchement des zones humides, le recul dunaire ou l’érosion permanente de la côte sableuse ? D’ailleurs, est-ce même visible ou le cinéma serait-il incapable de saisir certains changements de temps longs ? Il s’agira alors de conclure en établissant la possibilité d’un inventaire « symptomatologique » du mouvement du paysage littoral.