Commerce vinaire en territoire picton : premiers apports de l’étude des amphores régionales et de leur contenu

Abstract

Au cœur du centre-ouest de la Gaule, en territoire picton, des amphores produites localement ont été exhumées sur plusieurs sites archéologiques. Typologiquement, elles reprennent les formes d'amphores vinaires importées de Tarraconnaise (Dressel 2/4, Pascual 1) et de Narbonnaise (Gauloise 4 et 5). Elles ont notamment été mises au jour à <i>Limonum</i>, ancienne capitale pictonne et actuelle Poitiers (Vienne), dans l'agglomération secondaire de <i>Rauranum</i> à Rom (Deux-Sèvres), et dans le sanctuaire du Gué-de-Sciaux à Antigny (Vienne).<br />Toutefois, ces productions régionales ne sont encore que peu documentées d'un point de vue archéométrique. La caractérisation du mobilier amphorique de plusieurs ateliers pictons, dont ceux du Bourg-est à Gourgé (Deux-Sèvres) et des Groseilliers à Naintré (Vienne), a été poursuivie. Les amphores de ces officines ont fait l'objet d'un examen macroscopique, pétrographique et ont été analysées par fluorescence de rayons X en dispersion de longueur d'onde. Les résultats obtenus ont permis de discriminer ces productions sur la base de leurs compositions chimiques et minéralogiques bien que les pâtes soient macroscopiquement proches.<br />Parallèlement, des récipients découverts en contexte de consommation sur quatre sites pictons ont été échantillonnés. Il s'agit des amphores régionales découvertes au Sanctuaire du Gué-de-Sciaux, à Rom, et lors des fouilles des Cordeliers et de la Rue de la Marne à Poitiers. L'étude de ce mobilier a permis de commencer à évaluer la diffusion des conteneurs produits par les ateliers pictons. Toutefois, elle a également mis en lumière la présence de productions à l'origine inconnue.<br />Par ailleurs, nous nous sommes interrogées sur la nature du produit commercialisé dans les amphores pictonnes. En effet, ces amphores imitent toutes des formes méditerranéennes dédiées au transport du vin alors que les indices de la culture de la vigne en territoire picton sont minces pour l'époque à laquelle elles ont circulé. Pour tenter d'obtenir des éléments de réponse, des récipients retrouvés en contexte de consommation ont été soumis à des analyses par chromatographie en phase gazeuse couplée à la spectrométrie de masse. Cette étude, menée dans un premier temps sur les amphores de Poitiers, a permis de montrer que les résidus organiques conservés étaient compatibles avec l'utilisation des récipients comme amphore vinaire. Afin de mieux définir les réseaux de diffusion des conteneurs pictons et les différents faciès d'approvisionnement existants à l'échelle du territoire, l'étude des assemblages d'une agglomération secondaire (Rauranum) et d'un site à vocation cultuelle (Gué-de-Sciaux) est actuellement en cours.