« Mon camion, c’est ma maison ». L’expérience d’un mode de vie alternatif et les remaniements identitaires de jeunes saisonniers nomades
Langue
fr
Thèses de doctorat
École doctorale
École doctorale Sociétés, politique, santé publique (Talence, Gironde ; 2011-....)Résumé
Vivre dans un camion aménagé est un phénomène qui ne cesse de se développer depuis la crise du COVID-19. Les individus, ayant été contraints de rester à leur domicile pendant une période prolongée, ont ressenti le besoin ...Lire la suite >
Vivre dans un camion aménagé est un phénomène qui ne cesse de se développer depuis la crise du COVID-19. Les individus, ayant été contraints de rester à leur domicile pendant une période prolongée, ont ressenti le besoin d’un accès illimité à la liberté en passant par le voyage. Ainsi, le phénomène de la « vanlife » a pris de l’ampleur et il n’est plus surprenant d’entendre dire que des individus ont fait le choix de prendre une année sabbatique pour faire un « roadtrip ». Toutefois, les jeunes qui nous intéressent dans cette thèse sont bien loin des voyageurs « instagrameurs », des « digital nomades » ou des « teletravel ». Ils ont fait le choix de vivre en « véhicule-habitation » pour pouvoir se déplacer au gré des emplois saisonniers agricoles qui s’offrent à eux. En effet, le nomadisme saisonnier agricole n’est pas un phénomène nouveau, puisque l’agriculture a toujours eu besoin de son lot de salariés non réguliers. De fait, les salariés agricoles saisonniers constituent historiquement un groupe social défavorisé par la précarité de leurs contrats de travail et leur peu d’accès aux droits sociaux. Malgré les conditions de vie précaires induites par leur mode de vie, les jeunes que nous avons rencontrés ont exprimé avoir choisi de vivre ainsi dans une posture affirmée d’alternative sociétale. Cette posture nous a questionné sur les bénéfices réels et symboliques que ces jeunes pouvaient tirer de leur expérience nomade en acceptant une vie à la marge sans emploi ni habitat stable, alors qu’ils sont dans un âge de la vie où ils sont censés trouver leur place dans la société. Par le biais d’une enquête ethnographique réalisée auprès de 58 saisonniers nomades stationnant dans plusieurs campements et squats sur le territoire du Médoc, cette investigation se centre sur la réalité de la vie quotidienne de ces jeunes et s’appuie également sur 33 entretiens biographiques pour replacer leur réalité de l’ici et maintenant en lien avec leur histoire. Cette thèse se propose de montrer que le mode de vie nomade ne dépend pas uniquement d’une contrainte structurelle relevant de la précarité et liée à la discontinuité de l’emploi et au manque de logements de manière générale et de ceux alloués aux saisonniers agricoles nomades en particulier, mais plutôt d’un choix, pour ces jeunes, d’adopter une culture alternative comme support identitaire. Une première partie de ce manuscrit est consacrée aux enjeux entourant la phase transitionnelle que représente la jeunesse en décrivant, au plus près, comment ces jeunes s’approprient la marge et la mobilité comme des espaces de socialisation. Dans un deuxième temps, notre recherche se propose de montrer comment les dynamiques symboliques et spatio-temporelles du nomadisme saisonnier ont un rôle existentiel fondamental pour ces jeunes dans la mesure où il s’y développe des logiques territoriales, des logiques d’appropriation, d’adaptation, d’ancrage et de création. La troisième partie se centre sur la singularité des parcours des jeunes saisonniers afin de mieux comprendre ce qui, dans leurs histoires de vie, a pu les conduire à opter pour un mode de vie alternatif, à s’y maintenir et à en sortir. Une dernière partie porte sur l’expérience des saisonniers nomades et leur intégration à la culture alternative comme processus de construction identitaire circulaire dans un contexte où l’on demande de plus en plus aux individus d’être autonomes et de pouvoir définir qui ils sont, plusieurs fois au cours de leur vie.< Réduire
Résumé en anglais
Living in a converted truck is a phenomenon that has continued to grow since the COVID-19 crisis. People, having been forced to stay at home for an extended period, felt the need for unlimited access to freedom through ...Lire la suite >
Living in a converted truck is a phenomenon that has continued to grow since the COVID-19 crisis. People, having been forced to stay at home for an extended period, felt the need for unlimited access to freedom through travel. Thus, the phenomenon of “vanlife” has grown and it is no longer surprising to hear that people have chosen to take a sabbatical year to go on a “roadtrip”. However, the young people who interest us in this thesis are far from “Instagram” travelers, “digital nomads” or “teletravelers”. They chose to live in a “residential vehicle” to be able to move around according to the seasonal agricultural jobs available to them. Indeed, seasonal agricultural nomadism is not a new phenomenon since agriculture has always needed its share of non-regular employees. In fact, seasonal agricultural employees historically constitute a social group disadvantaged by the precariousness of their employment contracts and their little access to social rights. Despite the precarious living conditions induced by their lifestyle, the young people we met expressed that they had chosen to live in this way in an assertive posture of societal alternative. This posture questioned us about the real and symbolic benefits that these young people could draw from their nomadic experience by accepting a life on the margins without employment or stable housing while they are at an age of life where they are supposed to find their place in the society. Through an ethnographic survey carried out among 58 nomadic seasonal workers stationed in several camps and squats in the Médoc territory, this investigation focuses on the reality of the daily life of these young people and is also based on 33 biographical interviews to place their reality in the here and now in connection with their history. This thesis aims to show that the nomadic lifestyle does not depend solely on a structural constraint relating to precariousness and linked to the discontinuity of employment and the lack of housing in general and that allocated to nomadic seasonal agricultural workers in particular but rather a choice, for these young people, to adopt an alternative culture as an identity support. The first part of this manuscript is devoted to the issues surrounding the transitional phase represented by youth by describing, as closely as possible, how these young people appropriate the margins and mobility as spaces for socialization. Secondly, our research aims to show how the symbolic and spatio-temporal dynamics of seasonal nomadism have a fundamental existential role for these young people to the extent that there develop territorial logics, logics of appropriation, adaptation, anchoring and creation. The third part focuses on the singularity of the paths of young seasonal workers in order to better understand what, in their life stories, could have led them to opt for an alternative lifestyle, to maintain it and to leave it. A final part focuses on the experience of seasonal nomads and their integration into alternative culture as a process of circular identity construction in a context where people are increasingly asked to be autonomous and to be able to define who they are, several times during their lives.< Réduire
Mots clés
Jeunesse
Culture alternative
Espace
Mobilité
Identité
Habitat
Nomadisme
Travail saisonnier
Parcours
Marginalité
Mots clés en anglais
Youth
Alternative culture
Space
Mobility
Identity
Housing
Nomadism
Seasonal work
Career paths
Marginality
Origine
Importé de hal