De l’expérience à la connaissance, parcours sémiosique de la sensibilité

Abstract

Partant de l’idée selon laquelle il existerait une continuité, ou communauté d’organisation, entre perception et langage, cette présentation propose de revenir sur la sémiose perceptive et d’esquisser le parcours de la signification sensible, de la perception à sa conceptualisation.Nous nous appuierons sur les précédents travaux sémiotiques consacrés au sensible afin de situer notre position et de mettre en exergue la chaîne d’inférences permettant l’avènement de la signification sensible.Nous envisagerons alors la sémiotique comme une théorie de la connaissance qui procède d’un dédoublement réflexif : d’une part, elle se donne divers objets à étudier. D’autre part, elle se penche sur les conditions de la connaissance de cet objet.L’objectif de cette présentation est donc de revenir sur l’essence même de la sémiose perceptive et notamment sur la question de la structure et du rôle qu’elle joue dans la mise au jour d’une théorie de la connaissance du monde sensible.Il s’agira alors de montrer que la connaissance sensible repose sur des noyaux élémentaires de signification qui, sur fond de communauté d’organisation des structures engagées, peuvent expliquer les phénomènes relevant de domaines sensibles très variés. C’est ainsi que nous serons amenée à inférer que la complexité du monde phénoménal se réduirait en réalité à un ensemble restreint de structures schématiques. Relevant de ce sensorium commune (Herder), ces structures permettent alors d’expliquer, au niveau le plus profond du monde sensible, comment deux phénomènes peuvent manifester une communauté d’organisation et être regroupés sous un seul et même concept.Dès lors, les synesthésies ne seraient rien d’autre que des activations directes et immédiates de ces correspondances schématiques : instantanées chez le synesthète ou convoquées chez le sujet lambda, elles permettent d’orienter l’attention des sujets vers les propriétés structurelles des objets sensibles et d’aboutir à une meilleure connaissance de la phénoménalité du monde.