Cette communication, issue de recherches réalisées dans le cadre d’une thèse en paysage soutenueen juillet 2021, vise à présenter une analyse singulière des phénomènes de prolifération d’espècesvégétales exogènes dans les savanes et ravines des Bas de l’Ouest de l’île de La Réunion. Dans cesespaces de « non-projet » en matière environnementale, le but est de comprendre et caractériser demanière rétrospective les dynamiques socio-écologiques à l’oeuvre dans la transformation rapidedes paysages : évolution des pratiques et des représentations ; fragmentation, uniformisation etfermeture paysagère ; remplacement de formations végétales. L’objectif est de mettre en visibilitéles processus par lesquels découlent des problématiques environnementales dont l’action publiquepourrait s’emparer. Ce travail défend une approche paysagère - c’est-à-dire prioritairementculturelle et sociale - dans les processus environnementaux et la question de la biodiversité. Maiselle est aussi fondée par une entrée ethnobotanique dans la compréhension des processuspaysagers ; par la plante, cette approche retrace la trajectoire paysagère du principal agent végétalinvasif de ces savanes et ravines, l’arbuste Leucaena leucocephala (fabacées), construite autour del’évolution des interrelations entre plante, société et milieux. Par un récit paysager, il s’agit demontrer que la prolifération de Leucaena leucocephala est le symptôme d’un changement profond, àla fois social et naturel, une somme de variations dans la complexité socio-écologique de cesenvironnements.Cette communication propose un nouveau cadre de réflexion pour la gestion des dynamiquesvégétales des espaces à caractère semi-naturel, en mettant en relation de rétroaction les processusinvasifs actuels avec le déclin des usages des espèces végétales, résultant lui-même de l’effacementd’une culture locale et de son rapport ontologique aux plantes.< Réduire