Développement des projets de développement et de conservation
Du (dys)-fonctionnement de l’association à la (non)-intégration du développement sur le littoral vezo du Sud-ouest de Madagascar.
Langue
fr
Communication dans un congrès
Ce document a été publié dans
2023-05-31, Bordeaux.
Résumé
En langue malgache, le mot « projet » est traduit par tetik’asa, « développement » signifie fandrosoa(na) et fahantra(na) traduit par « pauvreté ». Ce sont les vocabulaires les plus utilisés quand on parle de développement ...Lire la suite >
En langue malgache, le mot « projet » est traduit par tetik’asa, « développement » signifie fandrosoa(na) et fahantra(na) traduit par « pauvreté ». Ce sont les vocabulaires les plus utilisés quand on parle de développement et de conservation à Madagascar. Depuis le début des années 80, une multitude d’ateliers et de projets a été réalisée dans le but de lutter contre la pauvreté. Beaucoup d’initiatives échouent ou demeurent à l’état de projet pilote ou ohatse (litt. : essai). Chaque projet se traduit par l’arrivée dans la communauté d’une nouvelle ONG qui ne tient pas forcément compte des expériences antérieures. Le littoral vezo est particulièrement concerné par le phénomène notamment les projets PSP (Programme Sectoriel Pêche), PSDR (Projet de Soutien pour Développement Rural), et PACP (Projet d'Appui aux Communautés de Pêcheurs de Toliara). Pour faciliter la médiation et le suivi du projet, la FAO, le PSDR, le PACP ont tous mis en place des structures officielles sous forme de « groupements d’acteurs locaux » connu localement sous le nom fikambana (association). Ces structures sont imposées localement, les pêcheurs Vezo n’inscrivant pas traditionnellement leurs pratiques dans ce type de modèle . Elles introduisent la figure des « courtiers en développement » locaux, porte d’entrée ou acteurs intermédiaires entre les organisations internationales et les pêcheurs. Le même scénario se reproduit d’un projet à l’autre et d’une ONG à une autre. Sur le terrain, nous avons constaté que les expériences menées dans le passé visant à imposer les structures associatives ont non seulement été un échec, mais qu’elles ont rendu les pêcheurs méfiants vis-à-vis de toute forme de regroupement. Loin d’avoir donné des résultats satisfaisants, les structures associatives ont, bien au contraire, rendu visibles les conflits latents entre les groupes ou entre les individus. Les valeurs actuelles du groupe et/ou de la famille ne sont pas les mêmes qu’autrefois et leur influence en est fragile. Les conflits déclarés au sein des associations, qui aboutissent à leur dissolution, peuvent également affecter l’univers familial où se retrouvent parents et alliés. Cette déstabilisation des structures sociales est rarement intégrée dans le logiciel des ONG dont l’objectif est ciblé sur un enjeu précis de conservation ou de développement. L’application de ce modèle importé se répète d’un projet à l’autre d’une manière systématique comme le signalent de nombreux auteurs (Weber J., 1998 ; David G., 1998 ; Goedefroit S., 2007). Selon Goedefroit S. (2007), « ce n'est que très rarement qu'on se préoccupe des traces laissées sur le terrain par ces projets abandonnés c'est-à-dire de la ‘pollution’ de l'environnement communautaire que provoquent ces expériences, non réussies mais souvent reproduites » (11). La résistance des pêcheurs à ces incursions extérieurs est passive, ils essaient tant bien que mal d’adopter de nouvelles stratégies de contournement en intégrant les propositions des ONG. Ils se laissent ainsi influencer par les « pratiques importées » les reconfigurent pour les intégrer dans leur mode de vie, en espérant toujours du meilleur apporté un jour par le vent du développement. La résistance n’est pas frontale, la recherche de quelques avantages se manifeste dans la mesure où le projet est considéré comme « gratuit ». Le projet posé, la préoccupation des courtiers en développement est déjà la recherche rapide de nouveaux bailleurs de fonds susceptibles de financer les mêmes activités présentées légèrement différemment qui se traduisent, expérience après expérience, en nouveaux échecs. Mais concrètement, quelles stratégies ces ONG de développement et de conservation adoptent-elles sur le terrain ? Et en parallèle, comment les Vezo intègrent-ils ces injonctions répétées dans leur logique ? La communication que nous proposons ici traite plus particulièrement des effets induits par ces projets sur l’organisation socio-économique et la gestion des ressources halieutiques. Nous posons l’hypothèse principale de la dégradation du paysage social intrinsèque vezo sous l’effet de ces projets extrinsèques. Des enquêtes ont été menées et des observations participantes entreprises depuis les années 2000 sur le littoral vezo. Des développeurs comme conservationnistes, des pêcheurs, présidents d’association, des chefs de lignage et chefs de village ont été enquêtés, côtoyés, sont devenus familiers. Le matériau recueilli apporte des réponses nuancées à la question initiale de l’effet de la répétition de projets importés sur l’organisation socio-environnementale locale.< Réduire
Mots clés
développement, conservation, association, ONG, Vezo, Sud-ouest de Madagascar.
Origine
Importé de halUnités de recherche