Visibilité de la presse tamoule à Paris

Abstract

S’il apparait comme évident que la presse traite de migrations et en arrive parfois à véhiculer des stéréotypes et préjugés fâcheux et terribles alimentant une certaine peur de l’autre, il est moins commun de questionner la presse produite par et pour un groupe minoritaire dont la constitution a été alimentée par des trajectoires migratoires successives et diversifiées. Dans cette contribution, le parti pris que nous prenons est le suivant : la presse écrite en tamoule peut permettre de documenter une présence, une visibilité voire un projet politique. La presse écrite tamoule à Paris doit son déploiement et son développement à la structuration progressive de la diaspora tamoule Sri-Lankaise. C’est dans un contexte particulier – celui d’une guerre opposant l’armée régulière cinghalaise aux LTTE – qu’à partir des années 1980, la France est devenue une terre d’immigration pour les Tamouls fuyant le conflit. La nature même de cette migration va avoir de réelles répercussions sur la structuration de la presse écrite tamoule et sur le contenu qui sera dès-lors diffusé. Toutes les voix ne sont pas jugées audibles, tous les mots ne peuvent pas être publiés : la presse se doit de soutenir le projet politique et nationaliste des LTTE, nous obligeant de fait à interroger les régimes de visibilité de cette dernière.Nous souhaitons, dans cette contribution dresser le panorama de la presse écrite tamoule à Paris, questionner les modalités de sa diffusion et surtout sa capacité à être visible face à des associations nationalistes parfois trop intrusives. Nous prendrons comme exemple particulier l’hebdomadaire Eelamurasu longtemps imprimé au sein de l’épicentre des sociabilités tamoules à Paris : la rue Perdonnet du quartier la Chapelle.