7 milliards de data et moi et moi et moi... Inscrire la géographie dans le courant des critical data studies
Langue
fr
Communication dans un congrès
Ce document a été publié dans
Journée d'étude "La donnée en géographie face à une chaine de discontinuités : production, exploitation, réglementation", 2016-01-25, Arras.
Résumé
Les mutations technologiques et les changements d’usages associés conduisent à une profusion de données (data deluge) et semblent ouvrir la voie d’un nouvel eldorado : les big data. Parce que les données géographiques sont ...Lire la suite >
Les mutations technologiques et les changements d’usages associés conduisent à une profusion de données (data deluge) et semblent ouvrir la voie d’un nouvel eldorado : les big data. Parce que les données géographiques sont omniprésentes sur Internet et focalisent toutes les promesses que le monde numérique ne cesse de faire, on peut s’interroger sur le devenir de la cartographie, comme production collective d’une représentation spatiale partagée, face d’une part, à la technicité et à l’opacité des mises en cartes qui se démultiplient et face d’autre part, à l’augmentation de l’importance attribuée à l’individualisation des données. À l'heure où tend à se manifester, à travers l'essor de la cartographie sur le web, un étonnant retour aux plus étonnantes fictions positivistes, c’est à la remise au centre des débats scientifiques d’une approche critique de la cartographie – et plus particulièrement de la donnée géographique - qu’en appelle cette contribution. En effet, les récents développements de la géomatique semblent aujourd’hui faire oublier tous les acquis de la cartographie critique dont l’article fondateur de J.B. Harley « Deconstructing the Map » vient de fêter ses 25 ans . En analysant le pouvoir des cartes, ce texte a ouvert la voix à de nombreux travaux en géographie et plus généralement en sciences sociales démontrant l’intentionnalité sociale et le pouvoir d’iconisation du média cartographique. Les historiens ont fourni une contribution conséquente à ce champ de recherche en démontrant le lien intrinsèque entre le pouvoir de l’État et la maîtrise des outils cartographiques, grâce auxquels citoyens et ressources deviennent « lisibles » à ses yeux. Mais, alors que s’inventent de nouvelles manières de lire et d’écrire l’espace, il s’agit aujourd’hui d’analyser plus encore que les produits cartographiques, les processus qui y sont associés pour révéler les (en)jeux de pouvoir, plus fragmentés et moins centrés sur l’État, qu’ils peuvent révéler. Un tel tournant (du produit au processus) nécessite de prolonger et renouveler les travaux de Brian Harley et d’envisager d’autres méthodes . Le décryptage de ces boites noires est cependant délicat. Nous montrerons, à travers deux études menées en Guyane française que, malgré des discours teintés de transparence et de démocratisation du web, l’opacité technique demeure ; elle oblige le géographe à réarmer sa critique en pénétrant ces dispositifs sociotechniques pour comprendre les assemblages/désassemblages, bricolages/braconnages des données et décrypter ainsi ces chaînes de discontinuités. Il s’agit alors de prolonger la « cartographie critique » en l’intégrant pleinement aux « critical data studies » pour donner une tout autre portée à ce qui n’était jusque là qu’un débat assez marginal à l’intérieur de la géographie.< Réduire
Mots clés
donnée
cartographie critique
Mots clés en anglais
data
critical data studies
Critical cartography
geoweb
Origine
Importé de halUnités de recherche