Regards profanes, regards experts sur le patrimoine forestier : valeurs « dans » la forêt ou valeur « de » la forêt ?
Langue
fr
Communication dans un congrès
Ce document a été publié dans
Regards croisés sur les valeurs de la forêt, 2016-01-29, Paris.
Résumé en anglais
L’objectif de cette communication est de s’interroger sur la notion de valeurs qui sous-tend le processus de patrimonialisation de la forêt à travers les éventuelles distorsions entre regards profanes et regards experts. ...Lire la suite >
L’objectif de cette communication est de s’interroger sur la notion de valeurs qui sous-tend le processus de patrimonialisation de la forêt à travers les éventuelles distorsions entre regards profanes et regards experts. Par patrimonialisation, nous entendons le processus par lequel des objets (ici la forêt) acquièrent le statut de patrimoine au sens commun du terme. Il s’agit d’une procédure d’appropriation symbolique (mais parfois aussi matérielle) par différents groupes sociaux qui distinguent l’objet patrimonial de l’objet ordinaire en lui attribuant un certain nombre de valeurs. Les valeurs, ici comprises non comme les caractères constitutifs de l’objet (Durkheim, 1911) mais comme des préférences, des croyances, socialement et culturellement construites (Reser & Bentrupperbäumer, 2005), sont rarement mises en avant dans le cadre des politiques publiques patrimoniales actuelles qui s’appuient surtout sur des savoirs scientifiques et techniques pour désigner ce qui est patrimoine et qui, souvent, mettent en avant « la valeur intrinsèque » des objets patrimonialisés. Nous partons du postulat, souvent oublié ou minoré, que la construction patrimoniale ne se limite pas à des politiques publiques de protection mais est un phénomène de société qui fait sens collectivement : le patrimoine est à analyser comme un processus culturel relié à des regards, du vécu et des pratiques. Les pratiques récréatives (par exemple Kalaora, 1993 ; Dehez, 2010) d’une part, et les processus ayant conduit à la sélection patrimoniale officielle de certains objets ou monuments (Jeudy, 1990 ; Leniaud, 1992) d’autre part, ont été beaucoup analysés. En revanche, les valeurs du public en général et celles qu’il attribue au patrimoine naturel « ordinaire » en particulier, sont moins connues. Les valeurs « de » ces objets naturels, la plupart du temps évoquées sur le mode de l’évidence paraissent donc mériter réflexion car elles permettent de comprendre le processus collectif de mise en patrimoine d’objets du quotidien. A travers l’analyse de documents officiels (PLU, documents de gestion, sites web…) et d’un travail d’enquête par entretiens semi-directifs nous avons donc cherché à comprendre la patrimonialisation des espaces naturels « ordinaires » que sont certaines forêts. A ce titre, l’étude de cas du massif des Landes de Gascogne apparaît intéressante car la forêt y est artificielle et « possède », a priori, surtout une valeur économique. Elle est souvent présentée par les acteurs de la protection de la nature comme très banale au plan paysager et écologique. Or, dans un contexte régional de croissance démographique, l’urbanisation se fait en grande partie aux dépens de la forêt et contribue au développement des zones d’interface entre forêt et bâti, mettant des populations urbaines au contact d’espaces « naturels ». L’enquête, menée dans le sud du massif, permet de comprendre les valeurs que les habitants attribuent à la forêt et les distorsions entre regards profanes et regards experts. En effet, les valeurs des riverains à l’échelle locale ne sont pas forcément les mêmes que celles des forestiers ou celles des acteurs institutionnels, comme les collectivités locales par exemple.< Réduire
Mots clés
patrimonialisation
valeurs
savoirs profanes
forêt
Origine
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