Tourisme et industrie sont des activités en apparence contradictoires et qui semblent exclusives l’une de l’autre. Pourtant, l’exemple de l’aménagement hydroélectrique des Pyrénées témoigne de l’ambivalence de leurs relations. En effet, l’hydroélectricité est souvent pensée comme un aménagement incompatible avec l’appropriation touristique de la montagne et fait émerger la question du paysage (et plus globalement de l’environnement) et de sa conservation comme point de cristallisation de relations conflictuelles entre ces deux activités. Cependant, à certains moments clés de l’histoire de l’aménagement des Pyrénées, de fortes convergences d’intérêts et de regards s’opèrent entre logiques industrielles et logiques touristiques, les unes s’alimentant des autres, dans une même entreprise de conquête de la haute montagne et de la construction de ses paysages. En effet, le regard du touriste (Urry, 1990) sur le paysage montagnard, sous-tendu par le paradigme esthético-sensible (ou naturel sensible), a convergé à certaines périodes avec le regard de l’ingénieur pour coproduire une esthétique commune, en faisant des sites équipés de barrages dans la première moitié du XXème siècle, des éléments clé de reconnaissance et d’identification territoriale des paysages pyrénéens.Cependant les nouvelles modalités d’aménagement après la seconde guerre mondiale et la montée des sensibilités environnementales a conduit à un partage de l’espace entre zones protégées et zones vouées aux activités industrielles et touristiques. Ce zonage fonctionnel de l’espace qui semble exclure l’homme perd cependant de sa pertinence au regard de la réalité des pratiques touristiques et des enjeux contemporains liés à la transition énergétique. Ils suggèrent la recherche d’un nouveau paradigme ordonnant les relations entre la montagne esthétique, la montagne touristique et la montagne énergétique.< Réduire