Israël n'échappe pas aux enjeux migratoires
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Article de revue
Ce document a été publié dans
Tous urbains. 2016
Paris: Presses universitaires de France
Résumé
. À l'heure des commémorations du vingtième anniversaire de l'assassinat d'Yitzhak Rabin, les populations israélienne et palestinienne sont à nouveau emportées dans une spirale de violences avec le développement de ce qui ...Lire la suite >
. À l'heure des commémorations du vingtième anniversaire de l'assassinat d'Yitzhak Rabin, les populations israélienne et palestinienne sont à nouveau emportées dans une spirale de violences avec le développement de ce qui est désormais nommé sous l'expression «d'intifada des couteaux» ; événement qui prend lui-même place vingt-huit après la première intifada. La non-résolution du conflit, dont les racines ont quasiment un siècle si l'on considère que la Déclaration Balfour de 1917 est à la source des premiers heurts entre les deux communautés, place les populations dans un quotidien qui depuis cette date n'aura connu qu'une seule véritable période d'optimisme avec le processus d'Oslo (1993), qui conduira à la mort d'Ytzhak Rabin. Aujourd'hui, comme hier, l'analyse politique ne fait que confirmer les tensions et souligner la ligne dure qu'emprunte le gouvernement israélien dirigé par Benyamin Netanyahou, montrant ainsi la dimension inextricable de la situation et le drame renouvelé que constitue le nombre de vies perdues qu'entraine chacun de ces moments de violence. L'actualité du conflit israélo-palestinien retenant toute l'attention de la presse internationale, cette dernière ne peut traiter que de manière épisodique de questions dites de société. Il est ainsi fait témoignage de thématiques relatives à la précarité sociale grandissante en Israël (comme en 2011 avec la « révolte des tentes »), à la religion avec la question de la montée de l'ultra-orthodoxie, ou bien encore des dangers que peut représenter l'expression d'identités sexuelles. Les articles diffusés par la presse française sur la Gay Pride de Jérusalem où l'attaque au couteau dont été victimes six personnes, parmi lesquelles l'une d'entre elles a perdu la vie suite à ses blessures, ont témoigné tragiquement de l'existence de tensions sociales qui viennent s'ajouter à la question du conflit. C'est également un autre drame qui a pu mettre en lumière à l'échelle internationale le fait qu'Israël n'est en rien en marge des questions migratoires que connaît le Moyen-Orient depuis plus d'une dizaine d'années. À la mi-octobre, lors d'une attaque contre un soldat israélien à la gare routière de Be'er Sheva, Haftom Zarhum, un demandeur d'asile érythréen, est décédé suite aux blessures que lui avaient infligées les tirs d'un officier de sécurité qui l'avait pris pour l'un des assaillants. Un changement de régime migratoire De 1948 jusqu'aux années 1990, une seule figure du migrant domine le champ des études migratoires en Israël: l'immigrant juif (oleh) dont la migration se voit décrite dans un vocabulaire puisé dans le champ du religieux et s'exercer dans le cadre d'une législation qui marque également par son appellation (la Loi du Retour) l'unicité du lien qu'a souhaité tisser dès sa création l'État d'Israël avec sa diaspora. Comme de nombreux travaux ont pu le souligner, ce modèle migratoire unique a connu de nombreuses évolutions depuis 1948 et a notamment pu voir émerger de nouvelles dynamiques migratoires. Leurs origines restent globalement simples à identifier puisqu'elles sont issues d'un double mouvement qu'auront été le bouclage des territoires palestiniens-et son corollaire la nécessité d'ouvrir les frontières israéliennes à une migration de main-d'oeuvre étrangère pour alimenter les secteurs de la construction et de l'agriculture-et plus récemment, la confirmation de l'inscription d'Israël dans le champ des réseaux transnationaux de la mobilité internationale, qui ont fait de cet État l'une des destinations possibles pour des personnes en quête de ressources ou bien encore un refuge dans un espace régional particulièrement instable et où un nombre toujours important de populations sont contraintes à l'exil. En l'espace d'une soixantaine d'années, l'État d'Israël a vu s'opérer une recomposition et une diversification de ses flux migratoires dont nul ne pouvait imaginer l'ampleur et les conséquences qu'une telle dynamique pourrait avoir au sein de cette société. Pour décrire cette réalité, différents angles d'observation peuvent être privilégiés. En premier lieu, dans une perspective démographique, si la population juive du pays a connu une croissance importante depuis 1948, la source et l'intensité de celle-ci n'a eu de cesse de changer : sur la période 1948-1960, le taux de croissance annuel de la population était de 9,2% et ce dynamisme reposait principalement sur un solde migratoire extrêmement positif alors qu'aujourd'hui, il se maintient à 1,7% et la balance migratoire ne compose plus que 11% de la croissance démographique totale Graphe 1-Dynamique démographique israélienne (1948-2013) Source : Bureau central des statistiques d'Israël< Réduire
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