Mises en ordre des espaces par la métagénomique. Vers une reconfiguration des spatialités par la mesure exhaustive du contenu biologique des espaces

Abstract

La révolution technologique du séquençage de nouvelle génération, initiée il y a une décennie, conduit actuellement au développement d’une nouvelle forme de métrologie des environnements. Il est possible, par le biais de la métagénomique, d’obtenir une quantification du contenu biologique d’un espace (une station de métro, un recoin du corps, un lac de haute montagne…) et certains entrevoient ainsi à moyen terme la possibilité d’une mise en place d’un séquençage ubiquitaire et en temps réel dans les espaces domestiques, urbains et naturels. Ces approches mettent en lumière d’une manière totalement nouvelle la composante microbienne des environnements -le microbiote- et notre interaction avec celui-ci. Ces quantifications génétiques des espaces sont propres à modifier notre rapport aux lieux et à notre propre corps. Ces dispositifs pourront impacter l’architecture et l’urbanisme, les politiques sanitaires et écologiques. Ils sont et seront mis en œuvre par exemple dans les projets de « smart cities » ou les programmes de conservation de la biodiversité. Ils s’accompagnent comme d’autres métrologies d’effets normatifs et constituent de nouveaux leviers biopolitiques. Nous nous proposons de revenir sur les conditions contextuelles qui ont permis le développement de ces nouvelles pratiques dont nous tenterons ensuite d’analyser de façon critique, notamment au travers des discours qui les accompagnent, les aboutissements en termes de savoirs réellement acquis. Enfin, nous proposerons des pistes de réflexion sur les réalités sociales et politiques que ces productions sont susceptibles de modifier.