Hydrocarbures non conventionnels et territoires : (més)usages locaux de la transition énergétique
Langue
fr
Communication dans un congrès avec actes
Ce document a été publié dans
Approches critiques de la \guillemotleft transition énergétique \guillemotright dans les sciences humaines et sociales, 9 et 10 juin 2016, Approches critiques de la "transition énergétique" dans les sciences humaines et sociales, 9 et 10 juin 2016, 2016-06-09, Strasbourg. 2016
Résumé
La présentation vise à mettre en discussion 4 exemples de projets de développement d'hydrocarbures non conventionnels dans leur rapport au territoire local et à la transition énergétique. Ce travail se base sur une thèse ...Lire la suite >
La présentation vise à mettre en discussion 4 exemples de projets de développement d'hydrocarbures non conventionnels dans leur rapport au territoire local et à la transition énergétique. Ce travail se base sur une thèse de doctorat (2015) et adopte un cadrage théorique inspiré par les récents travaux sur l'acceptabilité sociale (Fortin et Fournis, 2013 ; 2014) qui tentent de faire le pont entre les aspects microsociaux, mésopolitiques et macroéconomiques participant à la production ou non d'un processus d'acceptation sociale des projets industriels. La présentation s'attache alors à démontrer comment, sur des terrains français et québécois, des projets d'exploitation d'hydrocarbures obtiennent ou non un soutien local en fonction de leur rapport à la transition énergétique mais également à la transition économique. Dans le cas français, on met ainsi en parallèle l'échec d'imposer une industrie du gaz de schiste dans le Sud-Est, et notamment en Ardèche, (à cause d'une très forte opposition locale qui démontre l'impossible cohabitation de cette industrie avec l'identité, l'économie, l'environnement, les rapports sociaux locaux), avec le succès en construction d'une industrie du gaz de houille en Lorraine (grâce à un soutien politique local, une certaine habitude face aux projets industriels, la recherche d'un renouveau économique, etc.). Côté québécois, il s'agit de montrer l'échec de l'industrie du gaz de schiste dans les basses terres du Saint- Laurent (à cause d'un manque de profitabilité et d'acceptation sociale et de la concurrence avec les activités agricoles) tout en soulignant la progression de l'industrie du pétrole de schiste sur l'\ⁱle d'Anticosti (\ⁱle peu peuplée du Golfe du Saint Laurent dont la principale activité économique est la chasse touristique). Ces exemples illustrent que les projets énergétiques ne sont pas acceptés de la même manière sur des territoires différents et que la dimension locale est un élément clé du processus de construction de l'acceptation sociale. Les 4 exemples sont situés dans un contexte national identique (importance de l'hydraulicité au Québec, du nucléaire en France) qui ne fait pas du gaz \textendash et encore moins du pétrole \textendash un élément central de transition énergétique décarbonée. Pourtant, les projets bénéficient d'un discours sur la réduction des gaz à effet de serre puisque les promoteurs insistent sur la moindre pollution engendrée par une production locale d'hydrocarbures. Le discours sur la transition énergétique n'est pourtant qu'un instrument pour \guillemotleft verdir \guillemotright ces projets qui ne sont soutenus que pour leurs bénéfices économiques (en Lorraine, la région espère une réindustrialisation ; à Anticosti, on voit se réaffirmer l'idée de région-ressource). Deux discours sur la transition énergétique s'oppose, celui, plus institutionnel, d'une transition graduelle, et celui, plus critique, d'une rupture avec les carburants fossiles. Le territoire local est alors l'espace dans lequel ces discours s'enracinent ou non en fonction d'un processus d'intéressement plus ou moins réussi. La présentation démontre que c'est l'alliance entre les traductions microsociales des projets (comment les acteurs locaux perçoivent et font sens des projets), les arrangements mésopolitiques (comment les institutions en place encadrent ces projets) et les modèles de développement macroéconomiques (comment ces projets s'insèrent dans les paradigmes économiques et énergétiques dominants), qui conditionnent le processus d'acceptabilité sociale et son inscription dans un scénario énergétique. Celle-ci n'est alors plus à considérer comme un statut attribué à une population résidente mais comme une dynamique avant tout politique dont l'Etat est le garant. Les échecs relatifs au gaz de schiste sont à lire à la lumière d'une traduction microsociale négative, d'arrangements institutionnels conflictuels et de contradictions macroéconomiques entre un modèle productiviste carboné et un modèle de transition énergétique décarbonée. L'imposition descendante des projets échoue et c'est une mobilisation sociale ascendante qui réfute l'intérêt du développement de ces projets. Les projets mieux acceptés bénéficient de traductions microsociales plus positives et d'une certaine vision régionale en matière de développement local, toutefois, ces succès ne sont pas garantis puisque les projets sont face aux mêmes contradictions mésopolitiques et macroéconomiques soulignés pour le cas du gaz de schiste. La présentation s'appuie sur 40 entretiens réalisés auprès des principaux acteurs de la controverse sur les hydrocarbures non conventionnels en France et au Québec et sur l'étude des divers rapports (parlementaires, administratifs, Bureau d'audiences publiques sur l'environnement, évaluation environnementale stratégique) réalisés sur les projets contestés. Les propos sur le gaz de houille de Lorraine ont été recueillis à travers la participation au projet CNRS \guillemotleft gazhouille \guillemotright (2013-2015).< Réduire
Origine
Importé de halUnités de recherche