Le paysage en marchant. De quelques expériences pédagogiques de réflexion sur l'habitabilité du monde
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Sur les bancs du paysage. Enjeux didactiques, démarches et outils, Sur les bancs du paysage. Enjeux didactiques, démarches et outils. 2019-05
Ed. Metispresses
Résumé
Sollicitée dès l'Antiquité par les philosophes, puis plus tard par les penseurs, les poètes ou les écrivains (Davila 2002), la marche, sous diverses formes, connait aujourd'hui un regain d'intérêt du fait de son potentiel ...Lire la suite >
Sollicitée dès l'Antiquité par les philosophes, puis plus tard par les penseurs, les poètes ou les écrivains (Davila 2002), la marche, sous diverses formes, connait aujourd'hui un regain d'intérêt du fait de son potentiel de découverte de soi, des autres et de ce qui nous entoure. Parce qu'elle prône la lenteur, la marche est une expérience pleine qui permet au promeneur de prendre le temps nécessaire pour tisser des liens avec son environnement, en favorisant une meilleure interactivité et une disponibilité sensorielle envers les réalités des espaces traversés. Elle ne privilégie pas le seul regard, tous les sens sont éveillés par ce corps qui évolue et se déplace dans l'espace. Augustin Berque (2000: 191) souligne combien « la pensée relève de la corporéité ». Ce mode doux de déplacement est aujourd'hui valorisé dans nos villes contemporaines en perte d'interactions sociales (Careri 2016). Le degré d'urbanité, défini par Michel Lussault (2003: 966) par le niveau d'intensité des interactions sociales, n'est plus l'apanage de nos villes européennes, qui vivent aujourd'hui une situation d'appauvrissement des liens sociaux et de standardisation des lieux par la normalisation des discours et des pratiques aménagistes. La marche offre alors ce potentiel de réactivation de la ville qui s'éteint, favorisant aussi une reconnexion avec ses espaces périphériques. Entre marche utilitaire et promenade d'agrément, Bertrand Lévy (2008) identifie la marche éducative. Offerte aux promeneurs pour leur donner à vivre diverses expériences de lieux ordinaires, elle se décline sous de multitudes formes, avec une même finalité de reconnexion au réel et de ré-enchantement du monde : déambulations artistiques, randonnées d'initiatives citoyennes, sentiers de valorisations territoriales, … Ces mises en mouvements des corps et des esprits souhaitent orienter les promeneurs vers une prise de conscience des effets et des conséquences de leurs propres actions sur les milieux. L'enjeu est d'inciter aux changements de comportements individuels pour inscrire nos territoires, adhérant au principe du développement durable, dans le processus de transition socio-écologique (Arab 2016 ; Berdoulay 2010). Lorsqu'elles sont proposées à des étudiants de géographie dans le cadre de projets pédagogiques universitaires, ces promenades accompagnées sont pensées comme des dispositifs d'apprentissage dans la tradition d'une géographie de plein vent, valorisant une classe hors les murs (Robic 2010). L'objectif de cet article est donc centré sur ces démarches universitaires dont l'enjeu est d'interpeller les étudiants sur les problématiques contemporaines de l'habitabilité des espaces, en les initiant autrement à la lecture de paysage. Les groupes d'étudiants sont mis en situation d'immersion dans des dispositifs de promenades, guidés méthodologiquement, permettant de les amener à vivre des expériences singulières, mobilisant leurs sens et leurs émotions, et les invitant à déployer leur subjectivité. Ces expériences ouvrent sur des thématiques géographiques inscrites dans les enjeux actuels de nos sociétés urbanisées :< Réduire
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