Le Parc naturel urbain entre construction politique opportuniste et renouvellement des politiques environnementales
Langue
fr
Communication dans un congrès
Ce document a été publié dans
International Conference BiodiverCities 2015, 2015-09-17, Marseille.
Résumé
Portées par un contexte favorable, tant au niveau global que national, plusieurs villes s’efforcent de repenser la place de la nature dans l’espace urbain et de mieux concilier leur expansion avec la préservation des espaces ...Lire la suite >
Portées par un contexte favorable, tant au niveau global que national, plusieurs villes s’efforcent de repenser la place de la nature dans l’espace urbain et de mieux concilier leur expansion avec la préservation des espaces agricoles et naturels périphériques ou interstitiels. L’image de la « ville tentaculaire », dévoreuse de campagne diffusée, au XIXe siècle, sur fond de révolution industrielle, par maints poètes et écrivains comme Émile Verhaeren (1855-1916) en exergue, semble aujourd’hui dépassée. La crise de la modernité et l’éveil d’une conscience écologique ont conduit à une réévaluation de la place de la nature, dans et aux marges de la ville, au point que la ville contemporaine apparaît de moins en moins « contre nature » (Younès, 1999). Rares sont les villes qui, dans le prolongement de la Charte d’Aalborg (1994), ne se fixent désormais comme projet de devenir « vertes », « durables », « écologiques ». La « ville durable » serait d’ailleurs, avec l’agriculture, « l’une des déclinaisons territoriales les plus répandues de la nouvelle utopie » (Mathieu et coll., 2011). Sobre en consommation énergétique, économe en foncier, participative, l’écocité scellerait un « renversement de perspective » par rapport à la tradition urbaine héritée de la Charte d’Athènes et annoncerait un « tournant urbanistique » (Emelianoff, 2004). Rompant avec le modèle de la ville étalée et diffuse, consommatrice d’espace, la ville du XXIe siècle redécouvre les vertus de la biodiversité urbaine et de la plurifonctionnalité des espaces de nature au sein des villes (Bailly et Bourdeau-Lepage, 2011). Adoptée par le Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe, réuni à Strasbourg le 29 mai 2008, la Charte urbaine européenne II prétend répondre à la « crise écologique globale » en engageant résolument les villes dans la voie « d’un développement urbain plus durable » : « Nous nous engageons à réduire l'empreinte écologique de nos villes, à en préserver les ressources naturelles, à en maintenir et développer la biodiversité, à organiser un accès pour tous aux biens publics et à leurs réseaux, et à mettre l'efficacité énergétique au cœur de nos politiques. ». Déclinée au niveau local sous la forme d’Agenda 21 Locaux et/ou de plans d’action en faveur de la biodiversité urbaine, la Charte illustre l’engouement pour des espaces de nature ordinaire, longtemps considérés par les gestionnaires de la ville comme des réserves foncières urbanisables à plus ou moins brève échéance.Si cette « fièvre verte » (Boutefeu, 2005) touche en premier lieu les grandes métropoles, elle n’épargne pas les villes petites et moyennes où l’accès aux espaces de nature se pose pourtant en des termes moins problématiques. Pour assouvir le « désir de nature » (Bailly et Bourdeau-Lepage, 2011) de leurs habitants, certaines d’entre elles se sont emparées d’un outil à l’intitulé paradoxal et dépourvu de reconnaissance légale, le Parc naturel urbain (Clarimont, Leichnig, 2014). À quoi correspond cette nouvelle figure de protection, floue et à l’avenir incertain ? Pourquoi certaines villes ont-elles fait le choix, à un moment donné, de créer un Parc naturel urbain ? La « mise en parc » d’espaces de nature ordinaire, dans ces villes petites et moyennes, obéit-elle à un effet de mode, à une forme d’opportunisme politique ou, s’inscrit-elle dans un mouvement plus profond de transformation de leur rapport à la nature urbaine et de renouvellement des politiques environnementales ? Cette communication se propose, en premier lieu, de revenir sur la genèse du Parc naturel urbain en France et sur le contenu donné à ce dispositif informel de protection de la nature en le comparant au Parc naturel régional et au Parc national urbain. Il sera ensuite procédé à une analyse de la construction différenciée de cette nouvelle forme de « nature urbaine » à travers l’exemple du Parc naturel urbain mis en place à l’échelle de l’agglomération paloise, à la fin des années 2000. Le cas palois sera confronté aux expériences a priori similaires menées dans d’autres villes ou agglomérations (Agen, Mont-de-Marsan et Strasbourg), toutes membres de l’association des villes et intercommunalités supports de Parcs naturels urbains (créée le 25/11/2011 pour promouvoir cet outil). La communication prendra appui sur les résultats du dépouillement des documents opérationnels produits par les villes et les intercommunalités pour justifier la création de leur Parc naturel urbain et sur les entretiens menés auprès d’élus et de responsables de services techniques, à Pau, mais aussi à Mont-de-Marsan et à Strasbourg, entre 2011 et 2013 (soit avant les élections municipales de mars 2014). Toutefois, une actualisation des données est prévue, au moins pour le cas palois, afin de prendre en compte les changements récents de majorité intervenus dans la ville-centre tout comme dans plusieurs communes de l’agglomération.< Réduire
Mots clés
ville durable
Parc naturel urbain
nature urbaine
politiques environnementales
France
Origine
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