Vignerons biologiques iconoclastes du Bordelais. Des techniques et des discours viti-vinicoles inédits, pour quelle représentation de la "nature" ?

Abstract

Bénéficiant d'un succès non démenti depuis quelques années auprès des consommateurs, la filière viti-vinicole est l'une des filières bio les plus dynamiques en France. Le Bordelais n'échappe pas au phénomène, et la vigne bio y connaît une progression remarquable depuis quelques années. Ce succès n'est pas anodin : de plus en plus nombreux, les vignerons convertis ou en conversion sont encore perçus comme très singuliers, au sein d'une région où le vin est considéré comme un patrimoine culturel inébranlable. Cet essor annonce un bouleversement du regard posé sur les exploitations, les terroirs, les paysages viticoles, et sur le métier de vigneron : avec les modes de production biologiques, c'est la nature bien plus que la culture qui bénéficie d'un préjugé favorable. Les initiatives de vignerons engagés dans des modes de production respectueux de l'environnement sont plurielles, et semblent définir un gradient de naturalité plus ou moins clair, où se positionnent vignerons biologiques/en biodynamie/"naturels". Passer d'une catégorie à une autre peut alors relever d'une véritable révolution non seulement des techniques, mais aussi des mentalités. Ces degrés de naturalité, mobilisés dans les débats entourant la fixation de réglementations, de labels, jouent parfois comme d'un véritable facteur de clivage entre des producteurs plus ou moins radicaux sur ce sujet. Des divisions se dessinent dans la géographie de ces courants éclatés, ce qui pose la question du transfert des pratiques et des valeurs les sous-tendant. La communication se propose d'étudier cette redéfinition du lien entre les sociétés et la nature au prisme du thème de la production de vins biologiques, en s'appuyant sur une analyse des discours et des représentations dans la construction de la nature, eux-mêmes producteurs de territoires.