Les mondes cachés de la drogue. L'invisibilité des femmes insérées socialement
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fr
Thèses de doctorat
École doctorale
École doctorale Sociétés, politique, santé publique (Talence, Gironde ; 2011-....)Résumé
Les recherches scientifiques se sont essentiellement focalisées sur des usagers et vendeurs de drogues masculins et précaires. Les structures sociosanitaires dédiées aux consommateurs de substances psychoactives en France ...Lire la suite >
Les recherches scientifiques se sont essentiellement focalisées sur des usagers et vendeurs de drogues masculins et précaires. Les structures sociosanitaires dédiées aux consommateurs de substances psychoactives en France comme au Canada prennent en charge une majorité d’hommes en situation de grande marginalité. Les policiers qui répriment les ventes, possessions et usages sont concentrés sur une population masculine, racisée et précaire qui vit dans des zones urbaines ségréguées. Malgré la féminisation des consommations de drogues en cours depuis les années 1990 et en dépit du fait qu’une grande partie des usagers travaillent, étudient et aient un logement fixe, les femmes insérées socialement sont doublement invisibles dans les mondes de la drogue, du fait de leur genre et de leur statut social. Cette thèse analyse la manière dont des femmes insérées socialement agissent dans des mondes de la drogue (incluant les usages et reventes, les structures sociosanitaires, les dispositifs répressifs et les politiques publiques) formatés par et pour des hommes, à Bordeaux et à Montréal. L’objectif est de comprendre de manière intersectionnelle, interactionnelle et relationnelle l’influence du genre et de l’insertion sociale sur les trajectoires d’usagères-revendeuses, la comparaison franco-québécoise permettant de proposer des hypothèses explicatives et d’éviter les écueils universalistes et particularistes. Les résultats présentés se basent sur 108 entretiens réalisés avec des usagères-revendeuses et usagers-revendeurs insérés socialement ayant entre 20 et 35 ans, des professionnels sociosanitaires, des policiers et des acteurs et experts des politiques publiques liées aux drogues. La première partie de cette thèse porte sur les trajectoires des femmes insérées socialement dans le milieu des usages et reventes de drogues. Le genre comme l’insertion sociale produisent des vulnérabilités spécifiques, elles-mêmes génératrices de capacités d’agir et de résistances. Les femmes sont décrédibilisées et sexualisées, fréquemment victimes de tentatives d’escroquerie et de harcèlement sexuel, mais elles peuvent retourner le stigmate dont elles font l’objet pour en retirer des avantages et de l’empowerment. Les usagers insérés courent sans cesse le risque de voir leurs pratiques déviantes nuire à leurs études, leurs emplois ou leurs relations avec leurs familles, mais cette double vie les incite aussi à gérer leurs consommations et leur procure un sentiment de liberté et d’épanouissement. La deuxième partie aborde les liens entre genre, insertion sociale et prise en charge sociosanitaire des consommations de drogues. En décrivant la manière dont l’usage de drogues est devenu un problème de santé publique via l’épidémie du VIH, cette partie analyse le ciblage genré et social des structures de réduction des risques et des méfaits à Bordeaux et Montréal et les raisons qui poussent les usagères et usagers insérés socialement à ne pas consulter. La troisième partie s’intéresse à la répression des drogues, et à l’exclusion des femmes blanches et insérées dans la définition du problème de sécurité publique des drogues. Cette dernière partie met en lien les facteurs individuels et structurels qui orientent les activités policière et judiciaire, et la manière dont les usagères-revendeuses et usagers-revendeurs se réapproprient stratégiquement les critères des profilages pour limiter les risques répressifs, notamment à travers des performances de genre. In fine, cette thèse permet de conclure que même au sein de mondes sociaux déviants, les normes de genre sont ébranlées, remises en question et instrumentalisées.< Réduire
Résumé en anglais
Scientific research has essentially focused on precarious men who use and sell drugs. Harm reduction structures dedicated to drug users in France and in Canada take care of a majority of men in situations of great marginality. ...Lire la suite >
Scientific research has essentially focused on precarious men who use and sell drugs. Harm reduction structures dedicated to drug users in France and in Canada take care of a majority of men in situations of great marginality. Police officers are concentrated on a male, racialized and precarious population that lives in segregated urban areas. Despite the ongoing feminization of drug use since the 1990s and despite the fact that a large part of drug users work, study and have stable accommodation, socially included women are doubly invisible in the worlds of drug, because of their gender and their social status. This thesis analyzes the way in which socially included women act in the worlds of drug (including drug use and drug sale, health and harm reduction structures, police and public policies) formatted by and for men, in Bordeaux and Montréal. The objective is to understand in an intersectional, interactional and relational way the influence of gender and social inclusion on the trajectories of persons who use and sell drugs, the comparison between France and Québec allowing to propose explanatory hypotheses and avoid universalist and particularist pitfalls. The results presented are based on 108 interviews carried out with socially included women and men who use and sell drugs and who are between 20 and 35 years old, health and harm reduction professionals, police officers and actors and experts in public policies related to drugs. The first part of this thesis focuses on the trajectories of socially included women into the world of drug use and drug sale. Both gender and social inclusion produce specific vulnerabilities, which themselves generate agencies and resistance. Women are discredited and sexualized, frequently victims of sexual harassment and scam attempts, but they can return their stigma to get benefits and empowerment. Socially included drug users constantly run the risk of seeing their deviant practices interfere with their works, their studies or their family relationships, but this double life also encourages them to manage their drug consumption and gives them a feeling of freedom and fulfilment. The second part of this thesis deals with the links between gender, social inclusion and social and health and harm reduction structures. By describing how drug use has become a public health problem through the HIV epidemic, this part analyzes the gendered and social targeting of harm reduction structures in Bordeaux and Montréal and the reasons that drive socially included drug users to not see health professionals. The third part focuses on the repression of drugs, and the exclusion of white socially included women in the definition of the public safety problem of drugs. It analyzes the individual and structural factors that guide police and judicial activities, and the way in which socially included men and women who use and sell drugs strategically reappropriate the profiling criteria to limit the risks of repression, in particular through gender performance. Ultimately, this thesis leads to the conclusion that even within deviant social worlds, gender norms are shaken, questioned and instrumentalized.< Réduire
Mots clés
Drogues
Déviance
Genre
Femmes
Consommation de drogues
Vente de drogues
Insertion sociale
Criminalité
Police
Réduction des risques
Réduction des méfaits
Bordeaux
Montréal
Mots clés en anglais
Drugs
Deviance
Gender
Women
Drug Use
Drug Sale
Social Inclusion
Criminality
Police
Harm reduction
Bordeaux
Montréal
Origine
Importé de hal