Section 5 : Le lent reflux des préjugés anti-Roms
VITALE, Tommaso
Centre d'études européennes et de politique comparée (Sciences Po, CNRS) [CEE]
École urbaine
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Centre d'études européennes et de politique comparée (Sciences Po, CNRS) [CEE]
École urbaine
Langue
fr
Chapitre d'ouvrage
Ce document a été publié dans
La lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie. Année 2017, La lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie. Année 2017. 2018-03p. 107-124
La Documentation française
Résumé
En novembre 2017, au moment de la dernière vague du Baromètre racisme, la France se trouve dans une situation très différente de l’année précédente. La situation économique s’est améliorée, et le système partisan s’est ...Lire la suite >
En novembre 2017, au moment de la dernière vague du Baromètre racisme, la France se trouve dans une situation très différente de l’année précédente. La situation économique s’est améliorée, et le système partisan s’est recomposé en profondeur avec l’élection d’Emmanuel Macron. Plus que jamais depuis 2008, les Français envisagent la situation économique avec optimisme et redoutent moins le déclin de leur pays. Dans ce contexte, le Baromètre racisme enregistre une relative stabilité dans la relation à l’Autre et aux minorités ethniques. Les attitudes envers les Roms et les gens du voyage sont ainsi révélatrices des dynamiques profondes et des inégalités qui traversent la société française. Le niveau général de tolérance reste stable, voire diminue légèrement. L’indice longitudinal de tolérance pour les Roms et les gens du voyage (figure 2.6) a légèrement diminué (- 2 points), même s’il reste beaucoup plus élevé qu’en 2013 : 34 en 2017, contre 19 quatre ans plus tôt. Aujourd’hui il se situe presque au même niveau qu’en 2011. Ce petit recul de la tolérance, qu’on retrouve pour les autres minorités, peut inquiéter car il s’agit de la minorité qui concentre le plus d’opinions négatives : en 2017 l’indice s’établit à 34 pour les Roms et les gens du voyage contre respectivement 61 pour les musulmans, 72 pour les Maghrébins et 78 pour les noirs et les juifs. On observe néanmoins une tendance à la réduction des préjugés envers les Roms, au moins sur quelques questions importantes. À titre d’exemple, en novembre 2017, 51% des personnes interrogées pensent que les Roms – et plus spécifiquement les Roms migrants – ne veulent pas s’intégrer en France. Autrement dit, ce cliché est encore partagé par plus de la moitié de la société française. Ils étaient néanmoins 55 % en 2016 et 78 % en 2013 à le penser. Des stéréotypes traditionnels, reflétant la méconnaissance de la situation des Roms, restent répandus. 73 % des sondés pensent ainsi encore que les Roms migrants «sont pour la plupart nomades» (+ 3 points par rapport à octobre 2016 mais - 13 points par rapport à 2014). Par contre, les préjugés les plus négatifs se stabilisent. L’idée que les Roms «vivent essentiellement de vols et de trafics» est aujourd’hui partagée par 52% de notre échantillon, tout comme il y a un an (contre 78 % en décembre 2013). Il en va de même pour le stéréotype selon lequel les Roms « exploitent très souvent les enfants » : partagé par 85 % de l’échantillon fin 2014, il a baissé à 65% en 2016, et reste au même niveau à la fin de l’année 2017. La dynamique de progression des préjugés anti-Roms semble donc s’arrêter. Par rapport aux autres minorités, les préjugés, les stéréotypes, les connaissances erronées, les sentiments de peur et d’hostilité continuent de se mêler avec une force et une intensité particulières. Leur niveau de diffusion a baissé ces dernières années, mais lentement et avec une petite remontée en 2017. La spectacularisation de la pauvreté de certains groupes roms par les médias lors des évacuations des campements illicites et des bidonvilles exerce un impact négatif. Certes, les groupes tziganes sont moins souvent constitués en boucs émissaires par les élites politiques, sociales et médiatiques. La mobilisation des associations pour la défense des droits des Roms et des gens de voyage s’est renforcée, en réaction aux discriminations institutionnelles et sociétales dont les Roms sont victimes, et celles-ci mettent en avant une image plus positive de cette minorité dans la presse. Mais à ce jour, ni les associations ni les institutions n’ont réussi à faire progresser la lutte contre l’antitziganisme.Table des matières: 1. Une galaxie de minorités; 2. Un jugement de communautarisme qui reste très répandu; 3. Antitziganisme et Romaphobie; 4. Mesurer l’hostilité envers les groupes tziganes; 5. Une stabilité des facteurs explicatifs des préjugés romaphobes; 6. La mémoire du génocide comme enjeu émergent dans la lutte contre l’antitziganisme.< Réduire
Origine
Importé de hal