L’exploitation sexuelle des femmes nigérianes : Une pratique criminelle adossée à des réseaux communautaires
LAVAUD-LEGENDRE, Bénédicte
Centre de droit comparé du travail et de la sécurité sociale [COMPTRASEC]
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Langue
fr
Communication dans un congrès avec actes
Ce document a été publié dans
Femmes et réseaux dans les sociétés modernes et contemporaines Réalités et représentations, 2014-10-16, Bordeaux.
Résumé
En s’appuyant sur deux sources (décisions de justice et entretiens réalisés auprès de victimes dans le cadre d’un travail de terrain), cette communication met en évidence le mode de fonctionnement des groupes criminels ...Lire la suite >
En s’appuyant sur deux sources (décisions de justice et entretiens réalisés auprès de victimes dans le cadre d’un travail de terrain), cette communication met en évidence le mode de fonctionnement des groupes criminels exploitant sexuellement les jeunes femmes nigérianes dans le cadre de réseaux de traite des êtres humains, en identifiant le rôle de chaque acteur et en procédant à une distinction de genre entre les fonctions classiquement attribuées aux hommes et celles attribuées aux femmes. Les groupes criminels exploitant sexuellement les femmes nigérianes sont principalement tenus par des femmes qui sont dans la majeure partie des cas, elles-mêmes d’anciennes victimes. Ce sont les femmes qui sont initialement recrutées pour se prostituer qui gravissent peu à peu les « échelons » de l’organisation criminelle et passent alors de la qualité de victime à celle d’auteur. Elles acquièrent un rôle de « surveillance » ou de « contrôle » depuis la rue, avant d’accéder à d’autres fonctions plus valorisées, comme le transfert d’argent, le transport ou le recrutement de nouvelles victimes. Le rôle des hommes est secondaire.Le réseau renvoie alors aux liens, très structurés en l’espèce, qui unissent les femmes qui se prostituent à celles pour le compte desquelles elles travaillent. La nature de ces liens est analysée puisque la pratique criminelle repose précisément sur une stratégie d’emprise impliquant la mise en place de conditions favorables à un lien sécurisant, avant que ce dernier ne devienne maltraitant au moment où la femme qui exploite entend tirer profit de sa victime. La spécificité de cette relation constitue une des caractéristiques de ces pratiques criminelles puisque les auteur(e)s n’hésitent pas à pratiquer des rituels de sorcellerie pour mieux s’attacher leurs victimes. Cette dimension de la contrainte lie très fortement la victime au « réseau ». Elle constitue en outre un obstacle à son affranchissement et encourage le passage du statut de victime à celui d’auteur.L’approche proposée montre que les liens sur lesquels repose la qualification de réseau relèvent à la fois de l’activité exercée et de sa dimension criminelle, mais plus largement d’une appartenance communautaire et d’un socle cultuel et culturel qui méritent probablement d’être pour partie dissociés des pratiques criminelles. C’est la complexité de ces liens qui rend si difficile la lutte contre ces formes de criminalité.< Réduire
Mots clés
traite des êtres humains
liens familiaux
liens cultuels
liens culturels
sorcellerie
emprise
genre
réseaux criminels
réseaux communautaires
Origine
Importé de hal