Géopolitique du piège identitaire

Abstract

Dans le cadre de cette conférence invitant à réfléchir sur la barbarie, je suis convié à partager avec vous une réflexion géopolitique qui est mon prisme d'analyse de l'histoire en train de se faire. La géopolitique se caractérise par deux approches. D'aucuns, comme Saul Cohen, la définissent comme l'étude de la puissance en lien avec les caractéristiques géographiques des Etats. D'autres, comme Yves Lacoste, en font l'étude des rivalités de pouvoirs sur des territoires. Quelles que soient ces définitions, elles combinent le politique et la géographie. Dans ce champ disciplinaire, mes travaux portent entre autres sur la violence politique en Méditerranée et au Moyen-Orient. C'est une région où le rapport de force prévaut souvent sur la délibération politique à l'échelle interne ou sur la diplomatie à l'échelle externe. Autrement dit, le droit de la force supplante plus que de mesure la force du droit. Pour me rapprocher de vos préoccupations, j'ai focalisé ma réflexion sur les identités, lorsque, pour reprendre l'expression d'Amin Maalouf, elles deviennent meurtrières. Je vous propose donc de faire ici une rapide géopolitique de ce que je pourrais appeler un piège identitaire. Je montrerai d'abord comment définir ce piège et pourquoi, lorsqu'on se met à la fenêtre du monde, son analyse s'impose aujourd'hui. Je vous amènerai ensuite au Moyen-Orient où les dynamiques identitaires sont à l'évidence décuplées.