L’ « effet Mandela » : histoire, usages et mémoires d’une influence extérieure sur le système carcéral burundais (et au-delà)
DESLAURIER, Christine
Institut des Mondes Africains [IMAF]
Institut de Recherche pour le Développement [IRD]
Les Afriques dans le monde [LAM]
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Langue
fr
Communication dans un congrès
Ce document a été publié dans
Crise politique, exil et construction du savoir au Burundi : approches régionales et transdiciplinaires, 2019-07-03, Nairobi.
Résumé
Nelson Mandela a été le négociateur en chef des discussions de paix pour le Burundi à partir de 2000, en remplacement de Julius Nyerere, décédé en octobre 1999. Figure emblématique du « prisonnier politique » africain et ...Lire la suite >
Nelson Mandela a été le négociateur en chef des discussions de paix pour le Burundi à partir de 2000, en remplacement de Julius Nyerere, décédé en octobre 1999. Figure emblématique du « prisonnier politique » africain et Président en retraite de la République d’Afrique du Sud au moment de sa désignation à la tête des équipes de médiation, son action a été déterminante puisqu’elle a conduit à la signature de l’Accord de paix d’Arusha le 28 août 2000 entre la plupart des parties au conflit, rébellions du CNDD-FDD et du Palipehutu-FNL exceptées. Elle a été aussi l’objet de nombreux commentaires, élogieux ou réprobateurs, au moment même des discussions et jusqu’à aujourd’hui. En particulier, son implication dans la question carcérale burundaise a été cruciale, à une époque où environ 10 000 détenus « survivaient » littéralement dans des prisons en surchauffe. Ainsi, c’est à l’issue d’une visite à la prison de Mpimba en juin 2000 qu’il a mis à l’agenda des négociations de paix la question hautement sensible des « prisonniers politiques », que les groupes armés en lutte contre le pouvoir de Bujumbura établissaient comme une condition sine qua non de leur participation au forum d’Arusha. Dans le cadre d’un conflit aux limites génocidaires diversement interprétées entre Hutu et Tutsi, sa conception large des infractions concernées suscita d’intenses controverses. Mais c’est sur cette base, entre autres, que le « contentieux de 1993 » fut vidé et que des milliers de libérations intervinrent en 2004 et 2006. Par ailleurs, on lui attribue aussi des changements importants dans la vie quotidienne des prisons burundaises, quand ce n’est pas une influence indirecte dans la confection du nouveau code pénal de 2009.C’est l’histoire de cette influence de Mandela sur l’évolution du système carcéral burundais, réelle ou sublimée, que je propose de retracer. « L’effet Mandela » n’est pas seulement le titre d’un rapport de l’International Crisis Group consacré à ses démarches iréniques à Arusha, c’est aussi une expression utilisée par la vingtaine d’anciens détenus ou d’avocats que j’ai pu interroger depuis 2011, dans le cadre du projet « Irene » d’abord (Les professionnels internationaux de la paix. Sociologie d’une ingénierie transnationale), puis dans celui du projet Ecoppaf consacré aux prisons en Afrique (Economie de la peine et de la prison en Afrique). C’est également une portée plus globale de l’engagement de Mandela qui a été validée en 2015, deux ans après sa mort, lorsque les règles minimales des Nations unies sur le traitement des prisonniers ont été officiellement rebaptisées « Règles Nelson Mandela ». Dans quelle mesure les usages et les pratiques de l’emprisonnement au Burundi et au-delà ont-elles véritablement été transformées par l’action du « sage » africain ? Quelle part de réalité, de fantasme ou de travail des mémoires est-elle affectée à cet héritage d’une intervention extérieure sur ce qui relève avant tout d’une institution régalienne de l’Etat ? C’est à ce questions, et d’autres encore, que cette communication tentera de répondre.< Réduire
Mots clés
Burundi
Prison
Nelson Mandela
Réforme carcérale
Project ANR
Économies de la peine et de la prison en Afrique - ANR-15-CE27-0007
Origine
Importé de halUnités de recherche